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UN ÉTÉ Á SALONIQUE
AVRIL-SEPTEMBRE 1916
II.[1]


7 mai 1916.

Salonique m’est devenue familière et ma vie s’adapte à son nouveau cadre. Après la fièvre et le mouvement perpétuel des premiers jours pendant lesquels j’ai dû voir tant de choses et tant de gens, voici une période de calme relatif qui me permet de mettre de l’ordre dans mes notes, prises hâtivement, chaque soir, et quelque clarté dans mes impressions et mes pensées.

Mes amis de France s’inquiètent de savoir comment on vit à Salonique, dans quelles conditions d’hygiène et de confort, et si les uns s’exagèrent les difficultés que l’on rencontre ici, pour s’installer à peu près convenablement, les autres s’imaginent volontiers que l’on y mène une existence délicieuse, dans une sorte de Riviera où tous les plaisirs sont réunis.

O mes amis, rassurez-vous ! Salonique a la prétention d’être une métropole, et elle s’enorgueillit de posséder au moins deux grands hôtels genre Palace, des cafés à l’instar de Marseille, des cinémas où l’on peut voir la suite du drame policier dont on a vu le premier épisode à Paris et le second épisode à Toulon. Salonique a des music-hall que je ne décrirai pas — et pour cause — mais qui ressemblent, m’a-t-on dit, à ceux des petites

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.