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conçue tout d’abord pour donner au plus fort, au « maître de la mer, » la facilité de bloquer hermétiquement dans ses ports l’ennemi plus faible qui ne se décidait pas à affronter la lutte en haute mer, mais qui, réservant ses forces pour des coups de surprise, restait toujours dangereux. Cela est si vrai que cette mine s’appelait couramment, il y a quelque vingt ans, mine de blocus. À cette époque, déjà, beaucoup de bâtimens de surface en portaient quelques-unes. Un peu plus tard on construisit des navires spéciaux, des « mouilleurs de mines. » Mais il apparaissait clairement que s’il s’agissait d’aller mouiller ces engins dans les passes d’un port, et naturellement le plus près possible de l’origine de ces passes, aucun véhicule ne pouvait mieux convenir que celui qui restait, par définition, invisible, l’engin de surprise par excellence, le sous-marin.

Acceptons les faits tels qu’ils sont et ne laissons pas de prendre notre bien où il se trouve. Seulement, une fois de plus, il faut se hâter. Heureusement que, si nous consentons, comme nos adversaires, à ne pas trop soigner des détails de mince importance, nous aurons encore le temps, — et beaucoup plus que nous, la Grande-Bretagne, — de faire des sous-marins mouilleurs de mines en nombre assez considérable pour que cette catégorie d’engins rende de réels services.

Mais quels services, au juste ? Car il ne manque pas de gens pour dire que ce n’est pas aux Alliés d’aller boucher les estuaires allemands, étant bien entendu que l’on ne considère pas comme possible que les mines que poserait un sous-marin fussent en état d’empêcher les submersibles ennemis de sortir. Je fais d’abord toutes mes réserves là-dessus, estimant, justement, que cela serait possible. Mais je n’entre pas dans cette discussion. Il me suffit d’observer que si l’on entreprenait jamais des opérations méthodiques et successives sur le littoral allemand, il y aurait le plus grand avantage à semer avec abondance des « mines de blocus » (rendons-leur cette appellation primitive) à l’orée de celui des estuaires où l’on aurait reconnu, — reconnaissances d’appareils aériens, — la présence du gros de la force navale ennemie.

Ajouterai-je que si les Alliés, Russes compris, avaient depuis longtemps ces petits sous-marins porte-mines, les mouvemens de la marine allemande, si actifs, dans la Baltique eussent été fort entravés et rendus dangereux ?