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fondamentale, la puissance du nombre. Nous avons eu deux années et demie pour nous mettre en mesure. Avons-nous bien employé à cet égard un temps si précieux ?


Je ne me pique pas d’être arrivé au bout de la tâche que je m’étais imposée, encore que je n’aie prétendu tracer qu’une esquisse des moyens que l’on pourrait mettre en jeu dans une guerre de côtes actuelle. Pour donner un véritable intérêt à une étude de ce genre, il faudrait, comme je l’ai dit, laisser là les généralités et indiquer d’une manière précise comment telles opérations et telles armes s’appliqueraient plus particulièrement à telles circonstances locales, géographiques et hydrographiques. Cela m’est interdit. Je ne puis qu’affirmer, à nouveau, d’abord que la guerre de côtes reste toujours possible, moyennant que l’on veuille bien faire effort pour créer certains moyens d’action et en « adapter » certains autres, ce qui ne serait ni long, ni coûteux ; ensuite, qu’il s’en faut bien, — et je ne me lasserai pas de le répéter, — que la côte allemande de la mer du Nord, la seule qui soit sur certains points assez difficile, puisse être qualifiée d’inabordable. En tout cas, là où on ne peut pénétrer dans les eaux intérieures, on peut obturer les passes, parce que, justement, les conditions hydrographiques qui rendent malaisé l’accès des rades sont favorables à l’emploi des moyens d’obstruction.

Malheureusement ces conditions mêmes sont peu et mal connues. N’ai-je pas lu tout dernièrement que le littoral de la Frise orientale était d’autant plus inaccessible qu’il est couvert par un chapelet d’îles où l’on ne peut aborder, du côté de la haute mer ? C’est justement le contraire de la vérité, j’ai quelque droit de le dire. La question d’une efficace défense de ces îles, qui donneraient de précieux points d’appui à l’agresseur, est une des plus délicates qu’ait à résoudre l’Etat-major allemand. Et ceci ne surprendra pas les militaires instruits.


Contre-Amiral DEGOUY.