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Il fallait conquérir un pays deux fois grand comme tout l’Empire d’Allemagne, 995 000 kilomètres carrés, que peuplent 10 000 000 d’habitans. L’immigration des Boers, des Grecs et des Italiens, ajoutée à celle des Allemands, fit que les blancs y étaient fort nombreux.

L’altitude moyenne de la contrée varie entre 1 000 et 1 500 mètres, mais les plus hauts sommets s’y rencontrent, depuis le Kilimanjaro jusqu’à la pointe Mawensi et la cime Kibo qui dépassent 5 000 mètres. Sous le ciel profond et éclatant de l’Afrique les glaces et les neiges étincellent. Et l’hydrographie de l’Afrique Orientale est digne de ses montagnes. Le Pangani descend en mugissant des flancs du Kilimanjaro, le Wami et le Ruwa troublent les eaux de l’océan Indien, le Rufiji y développe ses immenses marais. Au cœur de la région, des lacs grands comme des mers, car le Victoria, le Tanganyika et le Nyassa couvrent des surfaces respectivement égales à celles de la Bavière, de la Prusse Orientale et de la Prusse Occidentale. Avant la guerre, un commerce actif animait ces régions, 38 659 000 marks aux entrées, 40 805 000 à la sortie. Des ports, des chemins de fer remarquables, voilà qui pouvait tenter l’audace et l’endurance, l’héroïsme et l’imagination de nos soldats !

Les frontières de l’Est Africain allemand s’étendent sur des milliers de kilomètres et, du point de vue des opérations militaires, il faut y distinguer cinq secteurs nettement départagés. A l’Ouest, l’océan Indien baigne des côtes découpées où s’étagent les ports de Tanga et de Dar-es-Salam, capitale de la colonie ; des îles, Mafia à l’Allemagne, Zanzibar et Pemba à l’Angleterre, leur font face. — Le littoral verra se produire de nombreux débarquemens, et son développement considérable (plus de 500 kilomètres) en rendit la surveillance difficile au cours du blocus. Entre l’Océan et le Victoria Nyanza, sur une longueur de 125 lieues, la frontière allemande avec l’Est Africain anglais est alternativement désertique et montagneuse : à des étendues incultes et sans eau succèdent des pics monstrueux comme le Kilimanjaro. Le colossal Victoria Nyanza sépare les belligérans, mais sur ses eaux profondes les flottilles adverses se combattront., Puis, bornant l’Ouganda dans une zone à nouveau très accidentée, la frontière rectiligne se dirige vers le Congo Belge. Là, elle