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prospérité s’en trouve aussitôt accrue. Dans l’intérieur, le réseau routier s’agrandit. A travers le pays tout entier il tend ses bras immenses au long desquels coule l’activité féconde. Et tout cela, n’est-ce pas sur un théâtre lointain, mais aussi dans toute la vérité du terme, l’organisation économique intérieure nourrissant le front de combat. C’est ce qu’on voulait faire ici, c’est ce que l’on a fait là-bas et, — nous le rappelons seulement, — dans la mesure où les deux termes autorisent la comparaison. Un véritable chef, il est vrai, présidait à tout ce labeur. Le nouveau gouverneur général du Congo, M. Henry, avant de servir sous les tropiques, avait été mis à l’épreuve aux jours les plus sombres de 1914. Colonel du service de l’intendance belge, il assurait, alors, nos services de ravitaillement, malgré l’invasion. Envoyé au Congo, au mois d’avril 1915, il agit aussitôt pomme un magicien. Si chaque homme était d’ailleurs à sa place, ce qui trop souvent renverserait bien des situations, l’Allemagne n’aurait pas eu tous ses succès, — ne fussent-ils qu’éphémères, — car elle les doit à cette méthode-là, pourtant bien simple et dont trop souvent nous paraissons incapables.

Par arrêté royal, le 22 novembre dernier, le colonel Malfeyt, vice-gouverneur général du Congo, était commissionné pour l’administration des nouveaux territoires conquis par les Belges, 200 000 kilomètres carrés, — sept fois la superficie de la Belgique.


Au moment de terminer cette étude, l’Allemagne, en Afrique comme en Asie, assiste à la consécration de sa ruine. Bagdad pris, c’est l’effondrement d’un vaste dessein dont toutes les colonies allemandes étaient les pièces maîtresses. Tenant une partie de l’Afrique, l’Allemagne comptait y agrandir sa puissance et, d’abord, — contraste plein de saveur, — aux dépens du Congo Belge, puisque le sort des petits peuples était de disparaître ! Rêves d’universelle domination qu’après nous, modeste peuple sacrifié vivant, et l’Asie et l’Afrique devaient à peine satisfaire, ils trébuchent tous à la fois dans un effroyable chaos d’où, c’est notre volonté suprême, la liberté des peuples sortira plus grande.


CHARLES STIENON.