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REVUE LITTÉRAIRE

OCTAVE MIRBEAU[1]

Octave Mirbeau, qui vient de mourir, était un écrivain de grand talent et qui avait les dons les plus rares, et qui n’avait pas « la chose du monde la mieux partagée, » le sens commun. En le disant, on n’offense pas sa récente mémoire. Il méprisait l’opinion commune et la traitait comme l’ennemie de son génie et de sa raison. Dans l’incertitude, où il n’aimait point à se tenir, il prenait le contre-pied de l’opinion commune et aussitôt se croyait en possession de la vérité. Il le croyait, et fermement, non pas en vertu peut-être d’une philosophie, mais par la spontanéité vive de sa nature et de son caractère, qui était singulièrement prime-sautier. Cette méthode, si l’on peut ainsi parler, avait chez lui une fougue à peu près héroïque et périlleuse.

Dans un petit volume intitulé Boulevard et coulisses, M. Alfred Capus a raconté comment Mirbeau, M. Grosclaude, Paul Hervieu et lui fondèrent jadis les Grimaces, qui parurent, un peu de temps, chaque semaine. Journal réactionnaire, et journal d’opposition ; mais, à quelques années d’intervalle, M. Capus ne se rappelle pas quel était le gouvernement à qui les Grimaces faisaient de l’opposition : cependant, il avait la rubrique de la politique intérieure et des débats parlementaires. Il se souvient que l’opposition des Grimaces était « énergique

  1. Contes de la chaumière (Charpentier, 1885) ; Le Calvaire et L’abbé Jules. (Ollendorff, 1886 et 1888) ; Sébastien Rock (1889), Les mauvais bergers (1897), Le Jardin des Supplices (1899), Le Journal d’une femme de chambre (1900), Les Vingt et un jours d’un neurasthénique (1901), Les Affaires sont les affaires (1903), La 628-E8 (1907), Le Foyer (avec M. T. Natanson) (1908), Dingo (1913) ; ces neuf derniers volumes dans la Bibliothèque Charpentier.