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son mari : elle avait presque tout de suite trouvé un cuisinier qui devait donner, disait-elle, toute satisfaction, mais il n’en allait pas de même d’un compagnon pour l’Empereur. On l’avait de plus subordonnée à Madame et au cardinal, et l’on peut juger si cela avançait les affaires. « Que ne me permet-on, écrit-elle à son mari le 15 août, de m’occuper seule d’un remplaçant pour toi ? En voulant que la Famille s’en mêle, on a tout paralysé. » Et elle ajoute, le lendemain 16 : « Je n’ai toujours pas de réponse de la princesse Borghèse au sujet de la démarche que je l’ai priée de faire pour ton remplacement. En voulant que la Famille s’en mêlât, on a tout paralysé. Personne ne s’est encore présenté. C’est une chose bizarre que l’appréhension que chacun a d’aller sur votre rocher… La peur est la vertu à la mode et, peur de quoi ? C’est par trop bétel Tu le fais bien des illusions sur les anciennes amitiés et la reconnaissance. » N’y tenant plus, le 19 août, Mn, e de Montholon proposa directement à Planat, par une lettre qu’il ne reçut que vers le 19 septembre, d’aller à Sainte-Hélène ; entre temps, elle reçut le 31 août la réponse qu’elle attendait de la princesse Pauline. « Elle trouve en ma demande, écrit-elle aussitôt à son mari, toute l’authenticité nécessaire, et elle aurait pris sur elle, m’écrit-elle, d’écrire au gouvernement anglais, si Madame et M. le cardinal ne lui avaient fait observer que ces démarches contrarieraient peut-être les vœux de l’Empereur, qui les avait fait prévenir que, lorsqu’il aurait besoin de quelqu’un, il leur en ferait adresser directement la demande ; que ses observations sur l’authenticité indiscutable de ma lettre n’avaient pu l’emporter sur la crainte de faire une démarche qui put mécontenter l’Empereur ; qu’elle ne doute pas que Planat ne se trouvât très honoré du choix, mais que sa santé est dans un tel état qu’il est vraisemblable qu’il ne pourrait l’accepter. »

Sans la clef qu’on en a donnée, cette lettre resterait incompréhensible. Pauline, en revenant par deux fois sur l’authenticité de la lettre de Mme de Montholon, fournit une attestation nouvelle du cas psychologique de sa mère et de son oncle, elle ne peut le révéler ; elle est obligée de suivre les directions qu’ils lui imposent, mais au moins le fait-elle avec des ménagemens et en laissant à Planat quelque espoir.

Il allait au-devant. Le 4 septembre, alors qu’il n’avait pas encore reçu la lettre de Mme de Montholon, il écrit de Trieste