Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/859

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Purs héritiers du feu sacré ;
Toute cette jeunesse s’est réunie là
Pour s’entretenir avec la tombe.


Dans le dialogue suivant, c’est toujours un mort qui répond aux questions inquiètes d’un vivant.


« Toi aussi, frère cher, te voilà sur le sol ?
— Non, tant que vous durerez.
« La lutte fut-elle assez cruelle ?
— Essayez. C’est merveilleux.
« Que voulais-tu ? Où dirigeais-tu tes pas ?
— Là où il faut parvenir
« La foi est-elle aussi solide ?
— Toujours plus solide que le tyran.
« Nous sommes peu qui oserions.
— Une force immense vous poussera.
« L’un de nous tous atteindra-t-il le but ?
— Jamais celui qui aura des doutes.
« Et quels étaient ces géans
— Qui te poussaient toujours en avant
— Et qui te donnaient leur vigueur
— En même temps que des ailes ?

— C’était l’Idée !
Sans elle, il est impossible, le vol
Au-dessus des sombres nuages.
Sans elle, c’est le sommeil
Et c’est la chute rapide.
Sans elle, le monde est une tombe sans fleurs,
Une existence vide, une jeunesse sans espoir.


CONCLUSION

Nous voici donc parvenus avec l’âme slave sur un haut sommet, d’où la vue plonge aux profondeurs et parcourt un vaste panorama. Serait-ce la cime de neige vers laquelle le héros légendaire Marko Kraliévitch s’élança jadis d’un si fougueux galop sur son cheval, le fidèle Charatz, par-dessus un chaos de rochers et de fondrières, et où la Vila lui parla d’une voix si solennelle ? Mais la cime glacée s’est changée en verte pelouse qu’émaillent les fleurs éclatantes des sommets, calices jaunes des crocus et gentianes étoilées d’un violet