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LES PREMIÈRES ANNÉES
DE
SAINTE CATHERINE DE SIENNE

Deux enfans se promenaient à travers Sienne, un soir de l’année 1352, une petite fille de six ans et un jeune garçon qui pouvait avoir deux années de plus ; Catherine Benincasa et son frère Stefano regagnaient leur demeure de la via dei Tintori, en rentrant d’une visite à leur sœur mariée, Bonaventura, qui demeurait à l’autre bout de la ville, là-haut, près de la tour San Ansano…

Et un soir de l’année 1912, moi, étranger, je cheminais dans Sienne, recherchant autant que possible les traces de ces deux enfans, bien que cinq siècles se soient écoulés depuis lors, car cette promenade à partir de la vieille tour où l’apôtre de Sienne, le martyr saint Ansano, fut, dit-on, emprisonné, jusqu’à Fontebranda, devint pour la petite Catherine Benincasa un événement qui décida de sa vie tout entière, depuis son enfance jusqu’au jour où, âgée de trente-trois ans, elle succomba sous le fardeau du vaisseau de l’Église pesant sur ses épaules.

Ainsi je pense au frère et à la sœur qui, la main dans la main, errent par les rues obscures. Peut-être ne se disent-ils rien l’un à l’autre, car le plus souvent les enfans se promènent ensemble sans prononcer une seule parole ; mais ils pensent, et j’essaie de suivre leur pensée…