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tour et encore remplacés. Pour la même raison, les Autrichiens font de même sur le Carso.

Il est vrai qu’à en croire même des dépêches de source allemande, tel ou tel secteur du front russo-roumain se réveillerait, et qu’on y entendrait de nouveau gronder le canon. Le nom glorieux de Broussiloff recommence à être prononcé ailleurs que dans des clubs d’officiers ou de soldats. Le voilà généralissime des armées de la Révolution. Espérons que bientôt, le plus tôt possible, ce mot qui fit naître tant d’espérances : « le front unique, » aura retrouvé son sens plein, et ne signifiera plus, au détriment des forces de l’Entente, Ain seul front, le front d’Occident, anglo-franco-italien, contraint ainsi à recevoir toute la charge et fournir tout l’effort.

En France, la quinzaine appartient presque tout entière à la politique, mais, naturellement, la politique tourne presque tout entière autour des événemens ou des circonstances de la guerre. La Chambre des députés, rentrée le 22 mai, a, en séance publique ou en comité secret, entamé trois discussions sur des sujets qui, à divers titres, ne pouvaient laisser l’opinion indifférente : le ravitaillement, la guerre sous-marine, le projet de voyage des socialistes à Stockholm. De ces trois débats, le plus gros de beaucoup et le plus passionné, on peut dire le plus émouvant, a été le dernier, relatif à la Conférence, à cause de ce que l’outre recelait dans ses flancs. Mais il faut, pour le suivre en ses gonflemens successifs, et jusqu’à l’ordre du jour qui a crevé le sac, prendre l’affaire à son origine.

On se rappelle comment, au lendemain de la révolution russe, est née l’idée de cette espèce de Diète de la Confédération socialiste. Elle apparut d’abord, — ou c’est par là que nous la connûmes d’abord, — dans le journal hongrois Vilag, que les bulletins officieux, en leur classification, étiquetent « radical et franc-maçon, » et qui la saluait avec un emportement de lyrisme extravagant. « Stockholm, s’écriait-il, va devenir le second Bethléem de l’humanité ! » Sur l’initiative même de la réunion, il y eut, au début, quelque obscurité. Régulièrement, deux personnes avaient qualité pour lancer la convocation : M. Emile Vandervelde, président, et M. Camille Huysmans, secrétaire du bureau socialiste international, dont le siège avait été fixé à Bruxelles, du consentement de la social-démocratie allemande, afin qu’il y fût plus en sûreté. Mais, cette année, en avril, quand on parla de la Conférence, le président et le secrétaire étaient séparés ; M. Vandervelde était au Havre, M. Huysmans était en Hollande. Est-ce justement parce que ce dernier était en Hollande que la lettre d’invitation fut