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Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/190

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'Dimanche 18 mars. — Cela va bien, cela va très bien. Bapaume et Péronne sont enfin délivrées, la joie est générale à Reims.

Mardi 20. — Les nouvelles sont chaque jour meilleures. Nesle, Guiscard, Tergnier sont repris et Soissons très dégagé ; attendons le tour de Reims. J’ai reçu aujourd’hui la visite du directeur des postes, qui m’a demandé quelques salles de classes pour y installer le bureau central des postes, très exposé au carrefour du Pont-de-Muire où les bombes tombent sans cesse. Entendu : les postiers s’installeront dans deux classes de l’école des filles, au-dessous de chez moi.

Jeudi 22. — A quatre heures, ce soir, la canonnade a recommencé très violente du côté de Brimont et de la Neuvillette. Ce sont les nôtres qui tapent à « canon que veux-tu. » Est-ce le début de la délivrance de Reims ? On nous annonce, de source prétendue sûre, que les Roches incendient Nogent et Berru, ce qui serait, dit-on, le signal de leur départ. Des aviateurs prétendent même qu’ils les ont vus emmenant leurs grosses pièces. Ce serait vraiment trop beau. Non, ce n’est pas encore la délivrance. Je crois cependant que nous en approchons, à en juger par l’arrivée de nombreux canons ramenés de Soissons.

Samedi 24. — A midi, on vient m’informer que les écoles de Fléchambault ont été bombardées : deux obus seraient tombés, l’un en avant, l’autre en arrière de l’immeuble. Je m’y rends à une heure et demie. C’est exact. Il est même tombé six ou sept obus, au lieu de deux, tant dans le jardin qu’autour des écoles. Trois agens de police ont été blessés, mais aucun enfant n’a été touché. Je ferme provisoirement ces écoles.

Dimanche 25. — Les Boches nous ont encore furieusement bombardés ce soir, à partir de quatre heures et demie ; ils ont surtout tapé sur le Pont-de-Muire d’où la poste a déménagé, heureusement, vendredi dernier.

Depuis huit jours, et chaque jour, l’ennemi s’acharne spécialement sur la jonction des routes entrant à Reims. Devant la persistance du bombardement, sans doute précurseur d’une attaque, je demande à M. l’inspecteur d’académie l’autorisation de fermer immédiatement les écoles, même avant les vacances toutes proches (31 courant), en cas d’alerte.

Mercredi 28. — Cinq à six cents obus de dix heures à midi, dont la plus grande partie est tombée sur le faubourg de Paris. Vers deux heures après-midi, je me rends à l’école de la