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avec les grands et quelques parens. Cet exode s’est effectué en trois minutes et sans bousculade. Dans la cave, où on se sait en pleine sécurité, le calme revient vile ; les dames réconfortent les petits, sèchent leurs larmes ; on leur donne un peu de chocolat et bientôt les langues vont leur train. A chaque détonation, les plus jeunes lèvent le doigt en disant : « Boum ! » Ça les amuse maintenant. Tout est fini. Mais nous l’avons échappé belle ! Qu’importe, puisqu’il n’y a pas eu d’accident. Le bombardement a continué encore une demi-heure, mais l’école n’a pas reçu d’autre obus. »

Le 27 mars dernier, un autre obus l’atteignit.

Enfin, le bombardement du 25 octobre 1916 lui valut son troisième obus qui défonça le mur de façade au niveau du sol et pénétra dans la partie du cellier occupée par des soldats et séparée de l’école par une simple bâche ; c’était à 5 ou 6 mètres des classes où nombre d’éclats furent projetés et dont toutes les vitres furent brisées. Comme les enfans avaient été évacués à la cave dès le début du bombardement, on n’eut pas d’accident non plus à déplorer.

Mais les élèves de « Dubail » connurent aussi des heures de joie et des jours d’allégresse : Le 31 juillet 1915, 332e jour du bombardement de Reims, eut lieu sous ses voûtes, a moins de 2 kilomètres de l’ennemi, la distribution solennelle des prix aux élèves de toutes les écoles de la ville. Ce fut une manifestation vraiment impressionnante, à laquelle assistèrent les notabilités militaires et civiles de la ville, et qui laissa dans l’esprit de tous un souvenir inoubliable. Quelques mois plus tard, le 19 décembre 1915, la directrice d’alors, Mme Fiquémont déjà citée à l’ordre du jour pour sa courageuse conduite pendant l’invasion allemande, y organisa une très jolie fête de l’Arbre de Noël.

Sans m’attarder à relater les menus incidents qui marquèrent la vie de chacune des autres écoles, je signalerai seulement qu’à la rue L…, un obus ayant, pendant la classe, explosé dans les greniers, le culot traversa tous les étages et vint tomber dansée couloir du sous-sol où, d’ordinaire, on réunissait les enfans ; rue Anquetil, un obus français lancé sur un avion ennemi vint s’enfoncer, le 6 octobre 1916 à 10 heures et demie, dans le bitume de la cour de récréation, à 3 mètres de la salle de classe alors occupée par 40 enfans. Enfin, pendant le