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correspondance des autorités militaires avec le gouvernement ; des lettres et instructions du grand Carnot, etc. ; bref, tout l’héritage glorieux dont s’enorgueillit à juste titre un peuple, dont le plus pauvre hameau ne se dessaisit jamais, pas même à prix d’or : tout cela gisait pêle-mêle parmi un tas de vieille ferraille et de vieux chiffons, sur le plancher immonde d’une remise de brocanteur !

« Ceci est infâme, n’est-ce pas ? C’est lâche, plus que lâche : c’est cruellement bête ! Le passé gêne, on l’escamote ; toute trace disparait. A quand, messieurs, la vente des Gobelins du salon de l’hôtel de ville ? C’est le dernier vestige qui rappelle le fondateur de Sarrelouis !… »

Comme conclusion à sa brochure, Georges Balcer écrit ces mots qu’on croirait dictés aujourd’hui :

« La révision du traité de 1815, comme de celui de 1871, doit faire la base de toute tentative de conciliation et de paix durable. Nous croyons donc fermement que, d’une façon ou d’une autre, la solution de la question de Sarrelouis est non seulement dans les limites du possible, mais dans la nature même de tout arrangement définitif entre l’Allemagne et la France. »

L’auteur ajoute prophétiquement :

« En vue d’événemens dont la portée affectera à un si haut degré l’avenir du pays natal, la réunion de toutes les bonnes volontés, de tous les courages est nécessaire… Le triste privilège d’être les aînés dans le malheur nous assure le concours de nos frères d’Alsace-Lorraine… ; il nous incombe, à nous Sarrelouisiens, d’être les premiers sur la brèche. Et si nous sonnons le réveil et faisons appel au ban et à l’arrière-ban des nôtres ; si nous réclamons dans une large mesure l’aide effective de tous ceux dont les parens ont, depuis 1815, transféré leurs pénates en « terre de France ; » si nous comptons surtout sur les descendans et alliés de cette valeureuse pléiade de soldats qui, de tout temps, a été et sera toujours l’orgueil de Sarrelouis ; si nous faisons appel direct à ces noms dont la « noblesse oblige ; » si nous nous adressons à tous ceux qui ont la mémoire du cœur et qui, de près ou de loin, tiennent à la vaillante petite cité, c’est qu’à l’instant suprême où va se jouer la fortune d’un peuple, il n’y a pas trop de tous les dévouemens. Pour assurer le succès et hâter l’œuvre de réparation, une organisation sérieuse s’impose. Pour faire face au nombre