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et à la formidable opposition qui ne manquera pas de surgir dans le camp des immigrés, — et cela sur tout le territoire du pays annexé, — il faut serrer les rangs. Pour contrecarrer les intrigues et déjouer les menées de rudes adversaires, une puissante ligue des nôtres est devenue de rigueur… »

L’auteur insiste énergiquement sur la nécessité de créer cette ligue française qui, dans sa pensée, doit comprendre tous les Sarrelouisiens qui partagent ses convictions, soit ceux qui résident encore à Sarrelouis, soit ceux qui sont allés s’établir dans le département de la Moselle, fuyant la domination prussienne, soit enfin ceux qui, comme lui, se sont transportés bien loin, jusque dans l’autre hémisphère, pour trouver une patrie d’adoption momentanée. Il veut que cette ligue des Sarrelouisiens ait son comité d’action à Paris, « ou nos compatriotes, dit-il, sont de beaucoup les plus nombreux ; où les membres seront à même de suivre avec célérité et profit les événemens du jour et de prendre telle mesure que les circonstances réclameront. » Il termine par ces mots :

« Puisse du sein d’un avenir prochain, au lieu de la tempête destructrice et des horreurs de la guerre, se dégager une entente mutuelle, signe de la réconciliation entre les peuples, et nous apporter ce que nos pères, ce que de tout temps le Sarrelouisien n’a cessé de réclamer du Destin : LA REUNION DU SOL NATAL A LA PATRIE BIEN-AIMÉE, LA FRANCE. »

Georges Balcer, que je n’ai point connu directement, vit peut-être encore, puisque son appel aux Sarrelouisiens remonte seulement à vingt-cinq ans. Je le souhaite pour qu’il voie la réalisation de ses espérances les plus chères ; il ne mourra pas, comme Pierre Gouvy, en désespéré.


E. BABELON.