Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prolongement, — comme le dernier acte, inlassablement attendu, — de l’entente extraordinairement parfaite de jadis.

C’est à l’abri de cet accord entre les deux Gouvernemens que les deux Sociétés anglaise et française se sont constituées et mises à l’œuvre. Un grand enthousiasme régnait alors. La Société française s’est formée le 1er février 1875 sous les plus brillants patronages (Michel Chevalier, l’illustre économiste comme président ; Léon Say, le grand administrateur des finances françaises ; Lavalley, l’éminent ingénieur du canal de Suez, parmi ses membres). Elle est restée parfaitement vivante et en possession de tous ses droits ; elle est toujours titulaire de la concession définitive, d’une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans (et approuvée préalablement par le Gouvernement britannique, comme nous l’avons dit), qu’elle a reçue du Gouvernement français le 2 août 1875. Elle a satisfait à toutes les obligations de son cahier des charges. Elle est restée en possession des ouvrages, des usines, des galeries, des terrains, qu’elle a acquis sur la côte française entre la mer et la route d’Escalles, à quelques pas de Sangatte. Elle paye annuellement ses impôts, les frais de contrôle par kilomètre dus à l’Etat, et elle attend[1].

La Société anglaise « Submarine Railway Cy » est, à notre connaissance, dans une situation analogue, mais moins avancée au point de vue législatif ; son retour à l’activité dépend du vote favorable du Parlement anglais, tandis que le Parlement français a résolu la question il y a plus de quarante ans pour la Société française.

Ces deux Sociétés ne se trouvaient pas en présence d’une idée neuve. Déjà, en 1802, l’ingénieur français Mathieu avait eu l’idée d’établir sous la Manche une route pavée sous-marine, éclairée avec des quinquets à l’huile. Ce projet, qui ne paraît pas avoir été précédé d’études sérieuses sur la nature des terrains sous-marins du détroit, inspira au grand homme d’Etat anglais Fox cette réponse à Bonaparte : « Oh ! c’est une des grandes choses que nous pourrions faire ensemble. »

  1. Voici la composition du Conseil d’Administration de cette société, dite « Compagnie du Chemin de fer sous-marin entre la France et l’Angleterre : » Président : M. G. Griolet. Administrateur Délégué : M. A. Sartiaux. Administrateurs : MM. Agache, Caillaux, d’Eichtal, May, Picot, Renaudin, Vernes (Félix), Vernes (Philippe), Wendel.