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dénouement, — lequel se produira ailleurs, — c’est depuis quelque temps, le centre et le nœud du drame. Les lecteurs de la Revue n’y auront rien perdu, puisque M. l’abbé Wetterlé, avec sa longue expérience des choses allemandes, a commenté pour eux, dans un article spécial, le projet si perfidement opportun de soi-disant autonomie que l’Empire tend comme un appât à l’Alsace-Lorraine qui se détache, et qu’avec sa science consommée des choses navales, l’amiral Degouy leur a, d’autre part, montré où en est et à quoi l’on peut réduire la guerre sous-marine, en dépit des vantardises toutes récentes du vaincu toujours satisfait de la bataille du Jutland, le grand amiral von Scheer.

Pour ce qui appartient en propre à la chronique, et qui, à l’échelle des événemens, ne peut guère faire matière que de chronologie, la quinzaine nous a apporté une pluie de conférences et une averse de révélations rétrospectives. Conférence socialiste interalliée de Londres, conférence socialiste germanophile de Vienne, annonce d’une conférence des neutres on ne sait où. La conférence interalliée de Londres, par une heureuse disposition et peut-être par un procédé ingénieux, s’est débarrassée elle-même et nous a débarrassés, au moins provisoirement, de la fameuse conférence internationale de Stockholm ; des remerciemens lui sont dus de ce chef, qu’elle les ait ou non tout à fait gagnés. Nous en devons aussi à la Conférence de Vienne, qui ne les a pas gagnés du tout, pour avoir, en insistant sur les prétentions des Empires du Centre, prouvé par supplément que la Conférence.de Stockholm était impossible. La Conférence des neutres est encore dans les limbes, et probablement n’en sortira pas, personne ne voulant se faire l’éditeur responsable de cette autre invention germanique, et le roi d’Espagne en désavouant expressément la complaisante paternité, que ne revendiqueront bien haut ni les Scandinaves, ni les Hollandais, ni les Suisses, ni les Américains du Sud, seuls peuples civilisés qui restent neutres au monde.

Les révélations nous sont venues en même temps de Grèce et de Russie ; bien que portant sur des époques différentes et sur des sujets différens, elles ont ce trait commun de tourner toutes autour de quelque intrigue ou machination allemande et d’étaler une fois de plus au soleil la déloyauté, la duplicité allemandes. Soit que le Kaiser se découvre lui-même à nous dans sa correspondance secrète avec le tsar Nicolas, qui rappelle, par l’hypocrisie et par la complication du détour (qu’il le prenne, s’il lui plaît, pour un compliment) certaines lettres de Frédéric II, soit que M. Venizelos nous montre la main du