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A partir de ce moment, l’affaire reçut une portée politique considérable. Le gouvernement, dans une publication officielle, accusa le prélat d’être un révolté qui méprisait les lois de l’Etat et narguait l’autorité royale. Tandis que le Pape, dans une allocution du 10 décembre 1837, prenait fait et cause pour Droste, toutes les forces luthériennes se mobilisèrent contre le catholicisme, et la Vieille-Prusse, l’injure à la bouche, se leva contre la Nouvelle pour appesantir sur elle sa haineuse oppression. Le directeur du Kanonischer Wächter écrivit un pamphlet insultant que son pédantisme chargea d’un titre pesant : ce fut : L’archevêque de Cologne en conflit avec le chef de l’État prussien, ou nouvel exemple de la révolte ouverte et de la résistance opiniâtre contre la suprématie religieuse du gouvernement, avec des considérations sur les multiples intrigues révolutionnaires du parti de la réaction catholico-romaine.[1]. Un autre pamphlet[2]accusa les catholiques d’ « arrogance canonique, » de « fanatisme novateur, » d’ « obstination mesquine, » d’ « opiniâtreté égoïste, » de « menées ambitieuses dangereusement empoisonnées par des alliances conclues avec les ennemis de l’Etat, même à l’étranger… » J’en passe. Le professeur Krug, un Prussien qui enseignait à Leipzig, se distingua par de plates insolences : « Le droit ecclésiastique des catholiques, considéré comme tel, a pour les protestans aussi peu de valeur que le droit ecclésiastique juif, musulman ou païen, et un gouvernement protestant, comme d’ailleurs tout protestant, n’a du Pape, en tant que soi-disant chef de l’Église catholique, qu’une connaissance historique, semblable à celle qu’il peut avoir du grand muphti turc, du Dalaï-Lama thibétain et du Dairo-Soma japonais. Dans ses mesures administratives, il n’a pas besoin de tenir compte de lui le moins du monde, s’il ne le veut pas. » Le roi à son tour, le 9 avril 1838, lança un Ordre de Cabinet par lequel il enjoignait à la police d’arrêter immédiatement, et, selon les cas, d’interner dans une forteresse, sans préjudice d’une instruction judiciaire et de peines sévères, toutes les

  1. Exactement : Der Erzbischof von Cöln in Opposition mit dem preussischen Staatsoberhaupte, oder neues(es Beispiel der offenen Auflehnung und starren Reaktion wider die Kirchenhoheit der Staatsrerjierung, mit Rückblicken auf die vielfach vereinigten revolutionären Umtriebe der römisch-katholischen Reaklionspartei.
  2. Ce pamphlet est intitulé : Wem ist es zu trauen, der Krone oder der Bischofsmütze ?