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personnes de condition ecclésiastique ou autre, qu’elles fussent ou non de nationalité prussienne, qui transmettraient à des sujets prussiens, on qui répandraient, ou qui soutiendraient, soit par la parole, soit par la plume, les décisions des chefs spirituels étrangers, ainsi que celles de leurs agens et de leurs représentans.

L’effervescence, dans tout le pays rhénan, fut considérable. Tandis que le ministère trouvait dans les chanoines de Cologne des fonctionnaires soumis et dociles, le clergé des villes et des campagnes obéit à son archevêque, soutenu par la population. En Wallonie prussienne, les habitans se départirent de l’attitude loyaliste qu’ils avaient eue jusque-là. À Ahrweiler, le curé de l’église Saint-Rémy avait refusé de reconnaître le curateur de l’archevêché Hüisgen, et avait déposé sa charge. Son premier vicaire, invité à administrer la cure, refusa. Le second vicaire accepta, mais à la sacristie pendant le catéchisme, et le soir, comme il était en chaire, des voix s’élevèrent qui l’appelèrent traître et Judas. Le jour de la fête de Droste, à Cologne, beaucoup de maisons furent illuminées par les particuliers, et, les soldats de la garnison ayant voulu faire éteindre ces illuminations, il en résulta des scènes de désordre.

De toutes les parties de l’Allemagne, les ennemis de la Prusse répondirent aux pamphlets luthériens. En premier lieu il faut mentionner les catholiques : de Munich, où il s’était réfugié, Goerres lança ses Triarier et son Athanasius, où il adjurait ses coreligionnaires rhénans et westphaliens de rester fermement attachés à leur Église et de défendre leur particularisme. Les libéraux, si nombreux dans l’Allemagne du Sud, où la France jouissait d’un très grand prestige, profitèrent de l’occasion pour accabler la monarchie de l’Est., En Bade, où dix années plus tard Buss devait signaler la communauté des intérêts catholiques en France et en Allemagne, ce fut un protestant, Rotteck, dont la mère, une Poirot d’Orge-ron, était Lorraine, qui se chargea de mener l’assaut. Il le fit dans une vigoureuse réponse au professeur Krug[1]. Il ne partageait pas absolument les idées intransigeantes de l’archevêque Droste, et il trouvait bon que la loi contint des dispositions précises touchant l’éducation religieuse des enfans issus

  1. Rotteck : Die Cöôlnische Sache, betrachtet vom Slandpunkt des allgemeinen Redites (1838).