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cependant revenir des travailleurs : 4 500 hectares, dans ce canton, sont rendus à la culture. Le canton de Moy peut cultiver 2700 hectares, répartis dans les communes d’Hinacourt, de Gibercourt, de Ly-Fontaine, de Benay, de Hemigny, Cerizy, Urvillers, Essigny-Ie-Grand.

Hélas ! tous ces jolis noms de villages français ne désignent plus que des monceaux de décombres ou des traînées de cendres. Les 147 habitans qui sont rentrés à Villers-Saint-Christophe ont trouvé leur mairie et leur maison d’école complètement brûlées. Il n’en reste plus que des amoncellemens de briques noircies. Tandis que je regarde ce décor funèbre, où maintenant il n’y a plus de vivant qu’un beau tilleul, plein d’oiseaux, le sous-préfet me raconte l’histoire de cette commune pendant l’occupation ennemie. Le fonctionnement des services de la mairie a été assuré, jusqu’à la rentrée du maire, M. Roussel (rapatrié le 10 juin), par une jeune femme, Mme Cochet, qui s’est acquittée de l’office de « mairesse » avec une intelligence et un zèle au-dessus de tout éloge.


Tugny-et-Pont, Jussy, Maucourt.

C’est ici l’endroit le plus ravagé de toute cette région malheureuse. La route s’allonge à travers un désert où nos soldats ont improvisé, çà et là, des gourbis, des « cagnas, » autour desquels ils essayent de faire pousser quelques plants de pommes de terre ou de haricots. Pas un arbre, pas un mur debout. Bray, Happencourt n’existent plus. Aussi n’est-on pas étonné de voir que cet endroit fut choisi, comme un lieu de prédilection, par la société anglaise des « Amis, » association d’ouvriers volontaires qui, sous la présidence de M. Edmund Harvey, se sont consacrés au soulagement des pauvres gens que l’invasion des barbares a laissés sans abri. Sur l’immense fronde bataille où fut gagnée la victoire de la Marne, les « Amis » ont déjà édifié plus de six cents maisons provisoires. Deux de ces hommes, admirablement bons et actifs, se sont fixés à Tugny-et-Pont, où ils travaillent présentement pour donner un gîte au maire de la commune.

Tugny et Pont sont deux villages qui ne forment qu’une seule localité, dans une vallée, entre la Somme et le canal de Saint-Quentin. Un port, sur ce canal, permettait aux nombreux agriculteurs de cette commune d’expédier facilement les