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REVUE SCIENTIFIQUE

DEUX TRAITEMENS DES PLAIES DE GUERRE


Parmi les méthodes qui, après le débridement chirurgical et le nettoyage macroscopique des plaies de guerre, sont destinées à les faire évoluer vers la guérison, c’est-à-dire à les stériliser progressivement et à permettre de pratiquer leur suture secondaire, il en est deux qui, dans cette guerre, se sont montrées véritablement admirables et hors de pair : la méthode de Carrel et celle de Mencière. C’est d’elles que je voudrais entretenir aujourd’hui mes lecteurs.


Le docteur Alexis Carrel est un des plus beaux exemples des jeunes et magnifiques énergies intellectuelles, que dans l’ordre des sciences, recèle notre pays et que néanmoins notre organisation scientifique, notre administration intellectuelle, si j’ose employer cette expression, laisse si difficilement surgir, si elles n’échappent point à son étau.

Si, jeune, inconnu, ne sachant même pas un mot d’anglais, mais plein d’un bouillonnement d’idées, débordant de cette confiante ardeur que donne l’amour et l’intelligence de la science, si le docteur Carrel n’était pas brusquement parti pour l’Amérique à la recherche de moyens de travail à sa mesure, il aurait sans doute fait dans nos universités une honorable et tranquille carrière. Sa jeunesse aurait passé dans des besognes subalternes, à suivre la filière administrative, jusqu’à l’heure où, les chevaux blanchis et l’ardeur apaisée, il aurait enfin trouvé, — mais combien étriqués et modestes ! — les laboratoires et les moyens de travail où réaliser les rares idées qui eussent pu subsister dans un cerveau sénilisé. Car l’imagination inventive, — qui