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l’extraction des projectiles et l’embaumement méthodique doivent avoir lieu. Une fois appliqué, le pansement ne demande aucun soin spécial et permet un transport facile. En le renouvelant toutes les douze ou vingt-quatre heures, il persiste, par suite des antiseptiques renforcés et non nuisibles, accumulés par l’embaumement, un état de quasi stérilisation des plaies qui peut se prolonger plusieurs jours, De nombreux cas ainsi traités ont établi l’efficacité du procédé. Sous cette forme d’attente, et dans les conditions de la bataille active, avec l’insécurité des premières formations, l’intensité du travail, l’afflux des blessés, la lenteur des transports, l’insuffisance numérique, en pareil cas, des chirurgiens et de leur personnel auxiliaire, la pratique de Mencière est d’une simplicité sans égale ; facile à appliquer partout, au poste de secours et même sur le champ de bataille, dans la tranchée ou le boyau, par un infirmier peu instruit, n’exigeant qu’un personnel réduit, elle permet d’assurer aux blessés l’évacuation la meilleure et la plus rapide, quelles que soient les à-coup des transports, inhérents à la guerre. C’est une méthode conservatrice par excellence, peu coûteuse, malgré la cherté relative des ingrédiens, puisque, quand on emploie par exemple la pulvérisation, on peut faire alors, avec un litre de solution, de 80 à 100 pansemens. Si, d’ailleurs, il n’y a pas de phénomènes infectieux ou de haute température, le pansement peut n’être changé que très rarement, parfois tous les sept jours, suivant la pratique notamment du docteur Braquehaye (Progrès médical, 21 mars 1917). Enfin cette méthode remplace l’odeur fade, écœurante des salles de blessés infectés, par une odeur balsamique agréable. « Je ne vois pas comment pouvoir la remplacer en période d’attaque ou de mouvement, dit le docteur Braquehaye qui en fait la méthode de choix dans son service de chirurgie à l’hôpital.

D’autres adhésions nombreuses et très hautes ont fini par consacrer la méthode Mencière, car, malgré toutes les routines et tous les obstacles, ce qui est simple et utile finit toujours par émerger. En particulier, les paroles récentes que voici de M. le médecin-inspecteur général Nimier valent d’être méditées :

« Malgré, dit-il, les améliorations apportées au service des évacuations, il est prudent d’admettre que les blessés évacués ne sont pas en état de se passer de toute surveillance chirurgicale, pendant les trois jours peut-être qui s’écouleront avant qu’un chirurgien revoie leur pansement. Par suite, il est nécessaire de prévoir encore le fréquent retour à l’action durable d’un antiseptique. »

Paroles sages et vraies dans le cas d’une offensive