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constitué surtout par les résidus cellulaires de la détersion a complètement disparu. La plaie a viré. Puis, à un stade plus avancé, et au fur et à mesure que la cicatrisation progresse, la teinte rouge carmin pâlit de nouveau et disparaît, signe précurseur d’une épidermisation prochaine.

Tels sont les faits, lorsqu’on applique l’ « embaumement méthodique et définitif. »

Ce qui fait la valeur de ce pansement Mencière, c’est que, de par la diffusibilité de l’éther alcoolisé, si l’on observe religieusement, comme dit Mencière, la loi de la durée du contact et de la surface de contact, les produits sont transportés partout, dans tous les recoins de la place. L’éther s’évapore, et il persiste une couche de produits antiseptiques multiples, car tous les microbes ne sont pas également sensibles à tous les antiseptiques, et cela explique l’utilité de multiplier ceux-ci. Cette couche pulvérulente constitue donc un pansement sec, permanent, partout réparti également, et dont l’action est continue et persistante.

Un fait qu’il convient de signaler avec Mencière, c’est la rareté du bourgeonnement exubérant des plaies, bourgeonnement fréquent avec d’autres méthodes. Tout en étant cytogénique puissamment, le Mencière « stoppe, » pourrait-on dire, les plaies sans déterminer une excitation cellulaire excessive, et tend à provoquer la karyokinèse en la maintenant dans des bornes normales.

A côté de l’embaumement méthodique et définitif que nous venons de décrire, et qui est le procédé Mencière, tel qu’il est applicable à loisir dans les hôpitaux et les formations de l’arrière, il convient de dire quelques mots de « l’embaumement d’attente » qui est l’application de la méthode à l’avant. Lorsque les circonstances de la guerre, afflux de blessés, insuffisance de personnel, contraindront d’évacuer rapidement les blessés sans leur faire subir les opérations destinées à éviter toutes complications, on se bornera à faire « l’embaumement d’attente ». Celui-ci n’a rien de spécial. Ce n’est qu’un premier pansement aussi soigné et complet qu’il se peut, faisant appel aux mêmes procédés que l’embaumement définitif : lavage à l’eau distillée, puis macération de la plaie par les moyens indiqués précédemment. Cet embaumement peut être fait immédiatement au poste de secours. Il ne met pas à l’abri de l’infection, puisque la plaie n’est pas expurgée de ces corps étrangers, mais retarde pendant plusieurs heures l’évolution des germes pathogènes, ce qui permet d’attendre dans de meilleures conditions la formation sanitaire où