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l’on pouvait compter de la part de la France ; en un mot, le moment était venu de demander à l’empereur Napoléon s’il était disposé à appuyer sa parole par l’envoi d’un corps d’armée sur le Rhin et l’envoi d’une flotte à Venise. »

Beust remplit en effet sa mission, mais sans aucun résultat. « M. Rouher, écrit le général Ducrot, a été lui aussi un instant l’arbitre des événemens après Sadowa ; mon ami M. de Beust a été chargé, par la Saxe et les États du sud de l’Allemagne, de se rendre auprès de l’empereur Napoléon pour réclamer son intervention. Il a rejoint l’empereur à Vichy. Il est resté là quatre jours, attendant une audience. Il passait son temps entre M. Drouyn de Lhuys et M. Rouher, qui lui tenaient un langage tout à fait opposé. » Le premier parlait d’intervention sûre, le second de neutralité. Beust repartit sans avoir obtenu l’audience qu’il demandait. Il s’en alla à Darmstadt : « Nous ne devons plus compter sur la France, dit-il au grand-duc de Hesse ; l’empereur des Français est très malade, tellement malade que je ne sais pas s’il s’en remettra ; ses ministres ne s’entendent pas. A vrai dire, il n’y a plus de gouvernement ; il faut nous tirer d’affaire comme nous le pourrons, chacun pour son propre compte. »


Ce fut donc la paix, la paix de Prague, qui consolidait la Prusse dans ses possessions et lui en assurait de nouvelles ; ce traité créait la Confédération de l’Allemagne du Nord et s’accompagnait de conventions militaires conclues avec les États du Sud. De tous ces événemens notre prestige sortit assez amoindri. Le mauvais effet produit par notre inaction s’augmenta encore dans la suite. Notre diplomatie, à la cour de Hesse par exemple, prit à tâche de décourager les espoirs que notre ancienne clientèle mettait encore en nous. On vit avec une pénible surprise l’opposition libérale du Corps législatif refuser de « transformer la France en caserne. »

De telles manifestations oratoires ne contribuèrent pas à accroître la confiance que les opprimés mettaient en notre secours. Sur la rive gauche du Rhin, Sadowa a pour conséquence de renforcer et d’augmenter le parti prussien. Nos partisans découvrent moins ouvertement leurs opinions ; les ralliés affirment plus énergiquement les leurs ; certains enfin nous