Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alla bientôt retrouver Dubayet avec lequel il était des plus liés depuis la guerre de l’Indépendance qu’ils avaient faite ensemble. Il servit avec Dubayet au Rhin et dans l’Ouest. Dubayet destitué et emprisonné, il se retira du service, entreprit des affaires de commerce qui prospéraient ; à l’appel de son ami libéré et reprenant du service, il abandonna tout et accourut : « Tu sauras, écrit Dubayet à sa femme le 3 nivôse an III (23 décembre 1794), que Saint-Cyr, dont le commerce était monté et qui se trouvait à la tête de trois associations, quitte tout et vient avec moi faire le coup d’épée sur la brèche de Mayence. » Deux mois plus tard, le 21 ventôse (11 mars 1795), il était dans l’état-major de Dubayet adjudant chef de bataillon ; après trois autres mois, adjudant chef de brigade (25 prairial-13 juin) ; après quatre autres mois (14 vendémiaire an 1V-9 octobre) général de brigade : tous les grades en sept mois, sans une action de guerre I Au ministère, il fut, comme directeur du personnel, l’alter ego de Dubayet et il ne pouvait manquer de l’accompagner en Turquie ; mais le voyage ne lui fut point favorable. A peine était-on arrivé en Dalmatie que Dubayet écrivait à sa femme : « Saint-Cyr a pris des travers qui me déplaisent fort et que l’habitude de l’indulgence et d’une vieille amitié me font encore supporter, mais je te déclare que ma patience est à bout. » Un mois plus tard, il écrivait que « Saint-Cyr, son ami de vingt-cinq ans, avait envers lui des torts impardonnables et qu’il allait se séparer de lui définitivement. » Il le conserva pour son entrée à Constantinople, mais presque aussitôt, il l’envoya résider en Valachie près de l’Hospodar, en attendant qu’il l’expédiât sur France. « Ce Saint-Cyr » est devenu sa bête noire, « ce Saint-Cyr » l’obsède. De même Castéra, encore un camarade de Bourbonnais. C’est Dubayet qui, l’ayant connu sous-lieutenant, ayant fait avec lui les campagnes d’Amérique, l’a appelé à faire partie de sa maison militaire comme capitaine aide de camp, quoiqu’il fût démissionnaire du 9 mai 1792 ; il l’a donc emmené en Turquie, mais, arrivé à Péra, il lui a imposé, le 20 thermidor an V (7 août 1797), une mission à Corfou.

Au reste, il ne choisissait pas ; il suspectait tout le monde ; c’était Pampelonne l’ex-Constituant, c’étaient les officiers de la mission que, les uns après les autres, il forçait à regagner la France ; le général ambassadeur ne pouvant supporter qu’il y eût à Constantinople un agent, du prétendant, le sieur