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Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/422

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que fut constituée une Commission de ravitaillement, qui acheta quelques cargaisons flottantes et les dirigea vers les ports les plus voisins des pays envahis. Ce fut le point de départ de l’œuvre considérable dont nous allons essayer de retracer l’histoire.

Le principe du ravitaillement, admis ou toléré par les puissances de l’Entente, dut être réglementé, de façon à éviter le secours indirect qu’il aurait pu fournir à nos ennemis. Diverses conditions furent imposées : le ravitaillement devait être restreint, de façon que les populations consommassent d’abord la production locale. On demanderait au gouvernement allemand l’engagement de ne réquisitionner ni les produits indigènes ni ceux que la Commission importerait. Celle-ci devait s’assurer le concours d’un personnel neutre suffisant pour établir le contrôle des distributions de vivres, et de comités locaux surveillant les opérations et en tenant la statistique. L’organisation financière serait telle que chaque commune fût comptable, après la guerre, des denrées qu’elle aurait reçues. Un cycle d’opérations bien établi devait permettre les achats et les ventes aux particuliers sans introduction de numéraire dans les régions secourues.

La Commission se constitua sous la présidence d’honneur des ambassadeurs et ministres des États-Unis, d’Espagne et des Pays-Bas, sous la présidence effective d’un Américain, M. Herbert Clark Hoover, dont le nom est un de ceux qui resteront attachés à cette grande œuvre. A ses côtés fonctionne un conseil composé d’Américains spécialement délégués par le président Wilson, d’Anglais, de Hollandais, de Belges, d’Argentins. Une centaine de membres complètent la liste des hommes dévoués qui ont apporté gratuitement leur concours, comme l’ont fait des experts-comptables, des agens maritimes, des agens d’assurance, des négocians en grains et farines, qui n’ont pas non plus voulu accepter de rémunération. Le siège social est à Londres ; des succursales ont été établies à Paris, Bruxelles, Libremont, Gand, Anvers, Namur, Liège, Hasselt, Mons, Rotterdam, Charleville, Valenciennes, Vervins, Saint-Quentin, Longwy, New-York, Buenos-Ayres.

En février 1915, le maire de Lille, d’accord avec ceux de Tourcoing et de Roubaix, chargea M. Louis Guérin de faire à Bruxelles une enquête sur le ravitaillement américain. Après s’être mis en rapport avec MM. Solvay et Francqui, avec le