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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/140

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on the same side, et j’en ressens une satisfaction extrême, mais l’avenir est sombre de ce côté et je ne sais guère ce qui va en sortir… »

Telle a été la conduite du Duc d’Orléans pendant la Restauration. Il a servi le Roi pendant les Cent-Jours ; il l’eût servi encore volontiers, et était prêt à apporter à la monarchie le concours de sa grande popularité. Par une mauvaise chance, son caractère et sa personne déplaisaient à Louis XVIII ; et ses idées inquiétaient Charles X. Il fut tenu à l’écart de la politique par l’un et l’autre, pour des raisons différentes. Mais avec Charles X ses relations furent toujours amicales. Le Roi l’estimait, sans l’écouter, et ne croyait pas aux mauvais propos répandus contre lui. Cette sympathie existait depuis les jours de l’exil et leur rencontre en Angleterre en 1802. L’attrait de l’amitié n’est pas toujours en harmonie avec les tendances des esprits. Les sentimens et les idées ne suivent pas le même chemin. Qui de nous n’a pas compté de bons et estimables amis parmi ses adversaires politiques ?

On lit, par exemple, dans le Moniteur d’août 1829 : « S. A. R. Mgr le Duc d’Orléans et sa famille ont dîné à Saint-Cloud avec le Roi. La table était de douze couverts. »

M. de Polignac venait d’être nommé ministre. La conversation ne dut point porter sur ses projets.

En mai 1830, arrivèrent à Paris, avec une suite nombreuse, le Roi et la Reine de Naples : le roi François Ier déjà courbé par le mal qui l’enleva peu après. C’était le frère de Mme la Duchesse d’Orléans, et un beau-frère très aimé de Louis Philippe. Il a dit de son beau-frère qu’il eût été capable en d’autres circonstances d’être un bon Roi constitutionnel, éloge le plus grand que Louis-Philippe pût décerner.

Apponyi assistait au grand dîner offert à l’ambassade de Naples en l’honneur de Leurs Majestés siciliennes. L’ambassade occupait place Beauvau l’hôtel qui est maintenant celui du ministère de l’Intérieur. L’ambassadrice de Naples, la duchesse de Serra Capriola, mère de douze enfans, n’en était pas moins une des plus séduisantes personnes de la Cour. Et le duc, suivant un usage napolitain, — un peu trop oriental, — se tenait derrière le fauteuil du Roi, un plat d’argent à la main, jusqu’à ce que son maître lui eût ordonné de prendre place à table. Leurs Majestés siciliennes assistèrent aussi à un grand bal