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L’AVENIR DES PETITS ÉTATS

II [1]
LA ROUMANIE

J’ai résidé à Bucarest, comme ministre de Belgique, pendant dix ans, de 1899 à 1909, dix années des meilleures de ma vie. Je garde de ce séjour un souvenir qui m’est cher. Une société foncièrement aimable, où les hommes sont pour la plupart très doués et très avertis, où des femmes qui pourraient se contenter d’être jolies et élégantes rivalisent avec eux de culture intellectuelle, fut pour moi un des grands attraits de cette ville hospitalière. La défiance, assez naturelle, qu’inspirent aux Roumains des étrangers, souvent enclins à la médisance ou prompts à la critique, fond, comme la neige au soleil d’avril de leur pays, lorsqu’ils rencontrent une sympathie sincère. Leur amitié, — j’en ai fait l’expérience, — une fois qu’elle s’est donnée, ne se reprend plus.


I

La Roumanie, ancienne colonie romaine, submergée au cours des siècles par des inondations gothiques, slaves, touraniennes et musulmanes, a su conserver son caractère ethnique au milieu de races étrangères et hostiles. Lorsque les Roumains, Valaques et Moldaves ne voulurent plus être qu’une seule nation, ils y furent aidés par leur grande sœur latine, la

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.