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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/384

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préférence les grands exercices de cadres et les études d’état-major. Chaque commandant d’armée y venait en mission spéciale reconnaître sa zone d’action.

Combien de fois, pour ma part, ai-je conduit des groupes d’officiers fervens sur ces hauteurs d’Haltonchatel, de la côte Saint-Germain, de IJriey, de Mousson, d’Amance, du Pain de Sucre, de Léomont, d’Hablainville, sur les sommets des Vosges, d’où l’on s’imaginait entendre les grondemens de la bataille, trop tardifs à notre gré, d’où l’on contemplait à l’horizon le panorama du doux pays en souffrance, fuyant comme un mirage, mais que rapprochaient nos espoirs immanens !

Avec la confiance dans la force de notre armée renaissait l’esprit d’offensive, et peu à peu il pénétrait profondément nos règlemens d’instruction. Nous ne pouvons dans cet exposé rappeler ni commenter cette évolution de la doctrine et des idées militaires qui coïncida avec les lois de 1889, avec l’alliance franco-russe, et avec le long ministère Méline[1].

Nous ne voulons en retenir que les deux points qui intéressent cette étude : la déconsidération qui frappa alors le système défensif de Sére de Rivière, et l’attention exclusive que notre état-major apporta au théâtre d’opérations de l’Est.

lien résulta qu’en 1899 le ministre de la guerre présentait aux Chambres un projet de loi sur le classement des places fortes et des ouvrages de fortification, inspiré, disait l’exposé des motifs, de la pensée de réduire les frais d’entretien et de remaniement en concentrant les dépenses sur les fortifications les plus importantes.

Le ministre, nanti de l’approbation du Conseil supérieur de la guerre, proposait le classement en trois catégories : 1° places et ouvrages qui, à raison du rôle important qu’ils jouent dans la défense du pays, doivent être munis de toutes les ressources en matériel et en hommes nécessaires à une résistance de longue durée ; — 2° places et ouvrages qui, n’ayant à remplir qu’un rôle de point d’appui pour les forces actives opérant dans leur voisinage, ne seraient entretenus, armés et approvisionnés que dans des limites à déterminer par des décisions ministérielles ; — 3° enfin les places et ouvrages qui, n’ayant qu’une importance secondaire, ne seraient ni armés ni

  1. M. Fernand Engerand, député du Calvados, a publié dans le Correspondant plusieurs études à ce sujet.