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indispensables, remet au contraire l’harmonie dans cette forme admirable du sol français qu’avait mutilée le traité de Francfort. Elle assure l’équilibre dans la mesure, qui est la marque du génie français.

Nous devons ajouter que l’organisation défensive des frontières ne comportera plus ces grandes places fortes, ces camps retranchés, ces forts d’arrêt, qui ont subi l’expérience décisive de cette guerre. Nous nous imaginons la future défense des frontières sous forme de lignes parallèles de tranchées, creusées à l’avance le long de la frontière, avec des réduits et ouvrages bétonnés. Elles seront dissimulées en temps de paix sous les terres cultivées, comme les Allemands l’avaient fait en Lorraine annexée en 1914. Les réseaux de fils de fer barbelés et les chevaux de frise seront disposés à proximité dans des hangars, ou préparés sous les tranchées mêmes. En quelques heures, ils seront placés en avant des tranchées. Il en sera de même des batteries à longue portée. Plusieurs voies ferrées de ceinture seront aménagées tout le long de la frontière pour la mise en place rapide du matériel. Des centres d’aviation seront disposés également à proximité de la frontière. C’est aux appareils perfectionnés de reconnaissance et de bombardement qu’il appartiendra de remplir les missions de couverture et d’avant-garde, en attendant que se massent les troupes d’opérations. Il est plus que probable que les opérations seront immédiatement limitées à la zone intermédiaire entre les frontières.

D’ailleurs, n’est-il pas permis d’espérer que de cette terrible guerre, après la sanction des crimes germaniques et le rétablissement d’un juste équilibre mondial, il sortira, sinon la paix éternelle, qui n’est pas de ce monde, ni même cette Société, des Nations, dont on se fait, croyons-nous, un idéal prématuré, mais une aspiration universelle à régler les conflits par voie d’arbitrage ? On peut du moins le souhaiter après tant de sang versé. En tout cas, les bonnes frontières militaires et politiques y aideront.


Général MALLETERRE.