Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commandans et officiers subalternes, des avocats, des publicistes, des sujets allemands, tous ennemis avérés de la France et dont l’action constitue pour nous un danger incontestable.

Lors des événemens des 1er et 2 décembre 1916, certains individus, appartenant à la lie de la population, pour la plupart des repris de justice, avaient participé au massacre de nos marins. Leur culpabilité avait été nettement reconnue par notre service de renseignemens. M. Jonnart les fait aussitôt rechercher : ils seront arrêtés et déférés aux tribunaux. M. Jean Dragoumis ayant, malgré l’appel au calme, fait paraître, le 18 juin, un article violent contre les Alliés, est inscrit sur la liste d’expulsion et embarqué pour Marseille.

Un certain Sakellariou s’avisa d’écrire, dans le journal le Péloponèse, un article injurieux pour la France. Son journal fut suspendu le jour même et il fut invité à se présenter au général Regnault.

Ces mesures énergiques produisent le plus salutaire effet.-M. Jonnart lève le blocus, fait des distributions de farine et de pain. Mais cette bonté n’est pas de la faiblesse : le Haut-Commissaire marque nettement par des actes qu’aucune excitation, aucune injure contre l’Entente ne sera plus désormais tolérée.

Si d’ailleurs il écarte ou frappe les agens de l’Allemagne, il est pareillement résolu à empêcher toutes représailles des Venizelistes contre leurs adversaires. Ici encore quelques décisions opportunes prouvent que sa résolution est fermement arrêtée et contribuent beaucoup à tranquilliser les esprits.

Dans les heures qui suivirent l’abdication de Constantin, le nouveau roi Alexandre avait adressé une proclamation à son peuple où se trouvaient ces mots : « Je marcherai sur les traces glorieuses de mon père. » Cette phrase malencontreuse produisit à Paris et à Londres, et aussi à Salonique chez les Venizelistes, un déplorable effet. On l’interpréta comme un défi du nouveau souverain à l’Entente, comme une affirmation du principe du droit divin dont s’était constamment réclamé Constantin. Or, l’intervention des Puissances s’était faite en Grèce pour rétablir le droit constitutionnel. À quoi bon changer le monarque, si les idées dont s’inspirait la monarchie devaient rester identiques ? Est-ce que l’Entente n’allait pas se laisser duper une fois de plus ? M. Zaïmis ne pratiquait-il pas une double politique et