Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne cherchait-il pas à reprendre par des voies détournées ce que la nécessité l’avait contraint de céder ?

Ces craintes, qui trouvèrent leur écho dans certains journaux français et anglais ainsi que dans la presse venizeliste, étaient dans leur ensemble très exagérées. En réalité, la proclamation avait été rédigée dans des heures de trouble et d’émoi, alors que la foule menaçante entourait le palais royal, s’opposait au départ de Constantin, maltraitait le métropolite venu pour faire prêter serment au nouveau roi. Le document avait été confectionné en toute hâte par M. Negris, ministre de l’Intérieur. Il s’agissait avant tout de mettre le peuple d’Athènes en présence du fait accompli, de lui montrer que le départ du Roi était irrévocable.

Toutefois, afin de calmer ces appréhensions, le Haut-Commissaire pria M. Zaïmis de faire signer au Roi la lettre suivante, affirmant son désir de respecter la Constitution et de collaborer avec l’Entente :


Athènes, 7/20 juin 1917.

« MONSIEUR LE PRESIDENT,

« Je suis avec un vif intérêt les efforts du gouvernement en vue de rétablir l’unité de la Grèce.

« En ce qui me concerne, demeurant le fidèle gardien de la Charte constitutionnelle et confiant dans les dispositions bienveillantes des Puissances garantes, je suis prêt à collaborer avec elles, pour l’apaisement des esprits et la réconciliation du pays.

« ALEXANDRE, ROI. »


Cet incident réglé, voici qu’il en surgit un autre. M. Zaïmis, dans un télégramme adressé aux représentans diplomatiques de la Grèce à l’étranger, pour leur notifier l’abdication du Roi, parle de « la douleur indescriptible du peuple hellénique. » Ce télégramme fait très mauvaise impression. M. Jonnart n’hésite pas à le dire à M. Zaïmis.

M. Zaïmis s’excuse en invoquant les sentimens de réelle affection qu’il a toujours éprouvés pour la famille royale. Il assure une fois de plus le Haut-Commissaire qu’il est prêt à collaborer avec lui de la façon la plus loyale, afin de resserrer l’amitié qui unit la Grèce aux Alliés : les services qu’il a pu