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Dans tout le pays, l’ordre n’a pas été un seul instant troublé. M. Venizelos s’est empressé de convoquer les généraux commandant les corps d’armée et les divisions. Tous ont répondu à son appel, à l’exception du général Papoulas commandant le Ve corps (Péloponèse) qui, se déclarant malade, s’est fait représenter par son chef d’état-major. Ce général, dont on pouvait redouter l’influence, a demandé sa mise en disponibilité. Il a adressé un ordre du jour à ses troupes les invitant à rester fraternellement unies dans leur dévouement au Roi et à la patrie. Parmi les officiers, l’état d’esprit s’améliore rapidement. On pouvait craindre le mécontentement de certains d’entre eux personnellement dévoués à Constantin. Mais la voix du patriotisme, le souci des intérêts nationaux font taire leurs sentimens individuels.

Il n’est pas jusqu’à une question très délicate, l’occupation de l’Epire par les Italiens, qui ne s’achemine elle aussi vers une heureuse solution. La conférence de Londres à la fin du mois de mai ayant prévu l’entrée des troupes françaises en Thessalie, pour assurer le contrôle des récoltes, le gouvernement italien avait de son côté décidé d’occuper l’Epire. Cette occupation s’était effectuée dans les premiers jours de juin. Elle avait beaucoup ému l’opinion hellénique. Les venizelistes surtout s’étaient montrés très irrités. « Il n’y avait aucun rapport, disaient-ils, entre l’intervention des troupes françaises uniquement destinée à sauvegarder les libertés constitutionnelles, à restaurer l’unité nationale, et celle des Italiens qui avaient l’air de poursuivre un but particulier et intéressé. » Des incidens pouvaient aisément se produire dont l’éventualité n’avait pas cessé pendant toute la durée de sa mission de préoccuper vivement M. Jonnart. Il s’était employé de son mieux à calmer les venizelistes. Pour prévenir tout incident, une zone neutre avait même été créée autour des territoires momentanément occupés par l’Italie.

La Grèce ayant rompu avec les Puissances centrales et devenant ainsi l’alliée de l’Entente, des négociations pouvaient être entamées avec les Italiens en vue de l’évacuation de l’Epire. C’est ce que fit sans tarder M. Venizelos. Il déclara que les troupes françaises quitteraient le territoire de la Vieille Grèce et retourneraient d’ici peu sur le front de Macédoine. Il demandait en conséquence aux Italiens d’effectuer un retrait analogue. Cette demande reçut un accueil très favorable. Le 3 juillet,