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le comte Bosdari, ministre d’Italie à Athènes, informait M. Politis que son gouvernement était décidé à évacuer l’Epire sans même attendre l’évacuation de la Thessalie et de l’Attique par les troupes alliées.

Le 4 juillet, le général Sarrail, commandant en chef l’armée d’Orient, arrive à Athènes. Une réception très brillante a été préparée en son honneur. Un déjeuner lui est offert par le Haut-Commissaire, un diner par le président du Conseil. Des discours sont échangés de la note la plus cordiale.


Le lendemain se déroule une cérémonie des plus émouvantes. Le Haut-Commissaire a décidé de déposer une couronne sur la tombe des marins français assassinés le 1er décembre 1916. C’est à cinq heures après-midi, au cimetière du Pirée. M. Jonnart, accompagné de M. Robert David, de M. Gausse, du lieutenant-colonel Georges, s’y rencontre avec le général Regnault, l’amiral de Guesdon, qui apporte une couronne au nom de la marine française. Les tombes de nos marins ont été réunies dans une enceinte réservée qu’entoure un soubassement de marbre blanc. Chacune d’elles est recouverte d’une dalle de marbre sur laquelle est inscrit le nom de la victime avec cette mention : « Mort pour la France ! »

Mgr Petit, archevêque catholique d’Athènes, accompagné de ses deux vicaires généraux, est venu saluer M. Jonnart. Il a été témoin du crime ; il explique comment il a été possible d’assurer à nos marins une sépulture digne d’eux.

Les assistans, tête nue, se groupent autour du Haut-Commissaire, qui prononce l’allocution suivante :

« Nous venons très simplement déposer quelques fleurs sur la tombe de ceux de nos vaillans marins qui ont été lâchement assassinés dans la journée du 1er décembre 1916. C’est avec une profonde émotion que nous apportons l’hommage attendri de la patrie aux victimes de cet odieux guet-apens. Qu’ils dorment en paix !

« L’insulte faite au drapeau français a été vengée. Après avoir exigé les réparations et les garanties nécessaires, la noble nation française s’est généreusement préoccupée de libérer la Grèce, de rétablir son unité et de lui préparer de nouvelles et glorieuses destinées.