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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/424

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Cinq semaines lui ont suffi pour obtenir ces résultats si importans.

L’éclatant succès de cette mission peut et doit inspirer un certain nombre de réflexions.

Il a été beaucoup question, ces temps derniers, d’un problème dont la solution est difficile, en raison même de son importance : celui de l’unité de commandement. Or, cette unité s’est trouvée réalisée dans l’opération confiée à M. Jonnart, et c’est la principale raison pour laquelle elle a si bien réussi. Les hommes d’Etat français et britanniques se sont mis courageusement en face de l’obstacle, au lieu d’hésiter et de biaiser comme ils avaient fait jusqu’alors. S’étant accordés sur le principe de l’entreprise, ils ont choisi pour l’exécution un chef unique investi de pleins pouvoirs, et leur choix s’est trouvé excellent. Ce chef n’a pas fui les responsabilités. Au lieu de songer à lui, à ses intérêts particuliers, il n’a pensé qu’aux grands intérêts nationaux dont il assumait la charge. Il a été, dans toute la force du terme, un chef. Il a su, quand il le fallait, courir des risques : toute opération diplomatique ou militaire en comporte forcément. Ces risques-là, par de judicieuses précautions, grâce à un plan soigneusement étudié, il s’est arrangé d’ailleurs pour les réduire au minimum. Les précautions prises, il est allé hardiment, résolument, de l’avant, — et il a gagné la partie.


RAYMOND RECOULY.