Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les tanks ne sont que des autos blindés et armés portés sur des « caterpilars. »

Dans les tanks anglais, la chaîne sans fin des sabots articulés du caterpilar et qui forme chemin de roulement pour les galets supportant l’ensemble du véhicule, fait entièrement le tour de celui-ci, en épousant sa forme extérieure. Cette forme est spécialement étudiée pour faciliter le passage des obstacles, et la partie avant est relevée, de manière à aborder les obstacles sur lesquels les sabots des chaînes prennent directement contact.

Dans les tanks français, au contraire, la chaîne sans fin du caterpilar revient sur elle-même au bas de l’appareil qui est tout entier placé sur le support qu’elle forme avec ses chariots de roulemens. — Dans les deux espèces de tanks, on fait tourner l’appareil et on le dirige, en soustrayant à l’action des moteurs, en débrayant à volonté plus ou moins la chenille de droite ou de gauche, autour de laquelle l’appareil tourne alors sous l’impulsion de l’autre chenille.

Les moteurs, l’armement en mitrailleuses et canons, l’approvisionnement en munitions l’inspection périscopique de l’extérieur, l’aménagement des tourelles et de l’intérieur où la température, à cause des moteurs, est toujours élevée, tout cela a donné lieu à mille dispositifs ingénieux et délicats qui n’offrent d’ailleurs rien de particulier… ou du moins rien de particulier qui puisse être dit ici.

La vitesse atteinte et largement suffisante, — Napoléon ne fit pas plus vite ses randonnées à travers l’Europe, — est celle d’un homme au pas. Il n’est fils de fer, si épais soient-ils, qui ne soient écrasés comme fétus par ces engins. Il n’est guère d’obstacles et de tranchées, que, bien conduits, ils ne puissent franchir.

Contre eux les fusils et mitrailleuses sont impuissans ; pareillement les obus de l’artillerie tirant de loin, ou même des obusiers tirant de près, à cause de la faible vitesse restante des obus. L’action de l’artillerie à distance n’est d’ailleurs guère à redouter, car, étant donné le terrain d’action des tanks, elle risquerait souvent d’atteindre sa propre infanterie. Les tanks ne sont réellement vulnérables qu’à l’action de canons tirant, de plein fouet et de près, des obus à grande vitesse initiale. Aussi les Allemands ont-ils spécialement installé contre eux des batteries de petits canons de 37 placés en première ligne, dont le maniement n’est d’ailleurs guère commode dans ces conditions.

Mais ceci nous amène à considérer les conditions d’emploi tactique et stratégique des tanks, et ce n’est pas le moins intéressant des points de vue qui nous soient offerts. Car si l’embryologie, si ensuite