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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/622

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Saint-Denis, redisait la première croisade ; et sur la façade de Reims, au-dessus de la rose, la statuaire dressait Clovis baptisé par saint Rémi. Il n’advenait à l’art français d’évoquer aux regards des fidèles l’idée de la France, que pour leur rappeler son baptême, — geste de Dieu sur les Francs, — ou ses croisades, — gestes de Dieu par les Francs, — qui l’avaient placée à la tête du monde chrétien.


III

Il y a quelque chose de moins éclatant, j’allais dire de moins flamboyant, dans l’action intellectuelle et morale qu’exerça, pour l’Eglise, notre France du dix-septième siècle ; mais là encore nous trouvons un dévouement bien personnel, bien indigène, mis au service de la catholicité. Le Concile de Trente avait émis des décrets, dont certains, pour raisons politiques, étaient chicanés par l’État français ; mais c’est en France, par des initiatives sacerdotales françaises, que les décrets religieux du Concile passèrent le plus rapidement et le plus intégralement dans les faits. Oratoriens, Eudistes, Sulpiciens, Lazaristes, surgirent, comme d’une même poussée, pour « sanctifier le clergé » d’après les maximes du Concile. L’œuvre de saint Charles Borromée, premier exécuteur de ces maximes, était demeurée inachevée ; c’était grand péril pour les directions conciliaires. Il fallait qu’en un point du monde, sans plus de retard, on les vit se réaliser. Le monde apprit qu’en France des exercices d’ordinands formaient le clergé, que des séminaires s’organisaient : c’était chose faite, donc faisable ; la victoire des idées de Trente était assurée.

Le Pape en eut le sentiment si net que, dans ses propres États, il appela les Lazaristes : comme le disait si joliment saint Vincent de Paul avec une pointe d’humble fierté, « il plut à Notre Saint-Père d’envoyer les ordinands aux pauvres gueux de la Mission de Rome. » Les jeunes Romains qui voulurent en ce temps-là recevoir les ordres durent, de par la volonté d’Alexandre VII, aller tout d’abord faire retraite chez les pauvres gueux de France. De nombreux diocèses d’Italie, puis l’Espagne, suivirent l’impulsion, et demandèrent à Monsieur Vincent et à ses successeurs, pour la conduite de leurs ordinands, des Messieurs de la Mission.