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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/672

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Enfin, lorsque les États-Unis sont sortis de la neutralité pour se ranger aux côtés de l’Entente, le gouvernement américain, — et non plus seulement les banques, comme dans les opérations précédentes, — est venu apporter aux Alliés son concours direct, sous la forme d’avances, dans une haute pensée de solidarité pour la mise en commun des ressources financières. Le total des prêts que les États-Unis ont faits aux Alliés, sous cette forme, en 1917, s’élève à la somme de 4 milliards 840 millions de dollars, soit 24 milliards de francs.

Ce puissant concours sert grandement nos intérêts en facilitant nos approvisionnemens de toute nature en Amérique et nous assure, sur ce vaste marché, le large crédit dont nous avons besoin pour maintenir jusqu’au bout, dans l’ordre économique, notre force de résistance.

Ces quelques indications d’ensemble sur l’effort financier des États-Unis nous permettent de constater que ceux-ci n’ont pas attendu de prendre une part active à la guerre pour entrer, vis-à-vis des Alliés, dans le rôle de grands prêteurs de capitaux. Bien avant l’entente militaire, il y avait déjà une coopération financière effective entre l’Amérique et l’Europe, une association de fait, fondée sur une compréhension très nette des intérêts réciproques.

Si les États-Unis nous ont rendu, sous cette forme, d’inappréciables services, il faut ajouter que, par une juste compensation, tous les crédits qu’ils nous consentent servent à régler des achats dans le pays et que l’argent est destiné à y rester. Il en est de même des grands emprunts, au total de 5 milliards 800 millions de dollars, qui ont été réalisés pour couvrir les dépenses de la guerre. Comme ils ne constituent, sous aucune forme, une dette extérieure, on peut répéter pour les États-Unis ce que Lloyd George, dans un discours récent, disait de l’Angleterre : « Une chose consolante est que la plus grande partie de la dette gigantesque contractée pour la guerre est une dette de famille, la Grande-Bretagne empruntant surtout à ses enfans. »


Après ce rapide exposé qui montre, avec l’éloquence des milliards, ce qu’est le présent pour les États-Unis, maîtres de l’heure, il convient de souligner ce fait qu’il n’y a point là seulement une politique de circonstance, née de la guerre et non destinée à lui survivre, mais, au contraire, une véritable