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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/713

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Jamais quinzaine, depuis quatre ans, n’a été, au point de vue militaire, plus vide d’événemens accomplis que celle du 10 au 25 janvier 19!8, ni peut-être plus grosse d’événemens en préparation. Sous ce rapport, s’il n’y avait pas eu, dans les parages des Dardanelles, une action navale qui a envoyé au fond de la mer le trop fameux croiseur léger Breslau, et qui parait avoir gravement endommagé le non moins fameux croiseur de bataille Gœben, il ne s’y serait passé rien de mémorable. On se rappelle les aventures de ces deux vaisseaux allemands, un peu corsaires et bien dignes d’arborer le drapeau de la Kultur, qui, avant la déclaration de guerre, dès le 4 août 1914, au matin, frappèrent les premiers coups dans la Méditerranée, en bombardant du large d’innocentes villes algériennes, puis s’enfuiront, poursuivis sans succès, toujours manques d’une escale, et purent, ayant franchi les Détroits, se réfugier sous Constantinople, où, à l’imitation de leur auguste maître, ils se firent Turcs; fin aussi morale que leur vie, et en parfaite harmonie avec leurs exploits. Leur nouveau dieu musulman ne leur a pas été plus propice, à la longue, que leur ancien dieu allemand ; la même justice attend et récompensera le Gœben-Sultan-Sélim, et le Breslau-Midilli.

Sur terre, ou n’a signalé, en France, que les canonnades accoutumées; duels d’artillerie, dont tantôt l’un, tantôt l’autre des adversaires prend l’initiative, et qui font rage ici ou là, comme par rafales, et s’apaisent, pour recommencer ailleurs. Plus fréquens dans certains secteurs, ou plus violens, ils marquent en quelque sorte les points vifs, les points névralgiques, qui sont demeurés les mêmes, probablement parce que ce sont les points stratégiques : l’Yser, Cambrai, Saint-Quentin, le Chemin des Dames, Verdun, auxquels