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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/926

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avait si violemment troublé l’opinion publique du Japon, que des observateurs un peu prompts, oublieux d’un long passé de cordiales et confiantes relations, allaient jusqu’à augurer des froissemens graves, sinon même une rupture, entre les deux États et les deux peuples. Mais le Gouvernement impérial et le président Taft surent apaiser ce double émoi : d’heureux arrangemens intervinrent pour régler les questions en cause, et lorsque, dans l’automne de 1908, l’escadre américaine de vingt cuirassés, dont le départ pour le Pacifique avait été d’abord interprété comme un avertissement au Japon, vint, sur l’invitation du Mikado, rendre visite au port de Yokohama, l’accueil réservé à l’escadre, les fêtes splendides données à cette occasion eurent tôt fait d’effacer jusqu’aux dernières traces des récens malentendus. Quelques jours après cette démonstration fut signé à Washington, le 28 novembre 1908, entre le baron Takahira, ambassadeur du Japon, et le secrétaire d’État des États-Unis, M. Elihu Root, l’accord aux termes duquel les deux gouvernemens, désireux de définir leur commune politique, leurs aspirations et intentions dans les régions du Pacifique et de l’Asie orientale, sont convenus des points suivans :

1o Le vœu des deux gouvernemens est d’encourager le libre et tranquille développement de leur commerce dans l’Océan Pacifique ;

2o Leur politique, étrangère à toute pensée d’agression, vise au maintien du statu quo existant dans ladite région et à la défense du principe des opportunités égales données au commerce et à l’industrie de toutes les nations dans l’Empire de Chine ;

3o Les deux gouvernemens sont, en conséquence, résolus à respecter les possessions territoriales qui leur appartiennent à l’un et à l’autre dans cette région ;

4o Ils sont également déterminés à préserver les intérêts communs de toutes les puissances en secondant, par tous les moyens pacifiques dont ils disposent, l’indépendance et l’intégrité de la Chine et l’égalité de traitement pour le commerce et l’industrie de toutes les nations dans cet Empire ;

5o Au cas où surgiraient des événemens menaçant le statu quo ou le principe de l’égalité de traitement ainsi définis, les deux gouvernemens se mettront en rapport l’un avec l’autre pour s’entendre sur les mesures qu’il leur paraîtra expédient d’adopter.