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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/928

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une surprise pour les États-Unis et le Japon, comme pour l’Occident, trouva les deux riverains du Pacifique, les deux signataires de l’accord du 30 novembre 1908, également résolus à ne pas laisser cet événement troubler la paix de l’Orient. Tous deux furent aussi attentifs que la France, la Grande-Bretagne et la Russie, à limiter les effets de la crise, à hâter le rétablissement de l’ordre, à faciliter au nouveau régime, dès qu’il fut régulièrement installé, les conditions lui permettant de vivre. Les États-Unis eurent, dès le principe, par la similitude du moins nominale des institutions, par la tradition d’amitié ininterrompue qui les liait à la Chine, par l’autorité morale qu’ils exerçaient dans le Pacifique, une influence dominante sur la nouvelle république. Ils contribuèrent plus peut-être qu’aucune autre Puissance à l’acceptation, à la reconnaissance du gouvernement qui avait succédé à la dynastie mandchoue. Et quand surgirent entre les divers partis de la République naissante des difficultés graves, lorsque apparurent les premiers symptômes de guerre civile entre le Nord et le Sud, entre Yuan che kai et les amis de Sun yat sen, ils s’efforcèrent d’apaiser les querelles, de réconcilier les frères ennemis.

En 1912, lorsque mourut à Tokyo, après une courte maladie, l’empereur du Japon Mutsu-Hito, le premier souverain de la nouvelle ère, le 249e de la dynastie issue de la déesse du Soleil, les États-Unis, pour honorer sa mémoire, se firent représenter aux obsèques solennelles par le secrétaire d’État, M. Knox. Cet hommage rendu par la grande République du Nouveau Monde au chef du vieil Empire dont elle avait un demi-siècle auparavant ouvert les portes, fut accueilli, dans tout le Japon, avec une sincère émotion et gratitude.

L’année suivante, pourtant, fut celle qui vit se produire, d’une rive à l’autre du Pacifique, à cause d’actes législatifs accomplis dans quelques-uns des États de l’Ouest américain, le plus grave émoi qui eût encore éprouvé les relations des deux peuples. La loi votée par le Parlement californien sur le droit de propriété des étrangers, le Webb bill, qui n’accordait le droit de propriété foncière qu’aux étrangers pouvant acquérir la nationalité américaine, excluait en fait les Japonais et les Chinois qui, confondus sous le nom de « Mongoliens, » ne pouvaient se faire naturaliser. Malgré les efforts tentés par le président Wilson et son secrétaire d’État, M. Bryan, pour