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le vicomte Motono dans son discours du 26 juin dernier, de l’entrée dans la guerre de l’Amérique, notre grande voisine. C’est là un événement sans précédent dans les annales de l’histoire. Nous ne pouvons prévoir quand viendra la fin de cette guerre qui sévit depuis trois ans. Mais ne croyez pas, messieurs, que par la fin de la guerre toutes les difficultés trouveront leur terme. Je puis vous dire qu’au contraire, c’est après la guerre que les plus grandes difficultés se présenteront. C’est alors que toutes nos forces et toutes nos énergies seront requises pour l’établissement d’une paix durable dans le monde, ainsi que pour la défense de nos intérêts et de nos droits. » — « Notre message en ce jour, disait de son côté le vicomte Ishii à ses auditeurs de San Francisco et de New-York, est de vous déclarer que vos intentions sont les nôtres, votre route la nôtre, votre but le nôtre. C’est que les États-Unis et le Japon marcheront ensemble, travailleront et lutteront ensemble comme des camarades, jusqu’à ce que le but soit atteint et la victoire gagnée. Nous venons dire que, dans cette lutte pour nos droits et nos libertés, l’Amérique et le Japon sont associés. Le premier devoir du Japon et des États-Unis est de monter la garde du Pacifique, d’assurer la libre et continue communication entre l’Amérique et l’Asie, et de faire respecter la loi et l’humanité sur cet Océan d’où le cancer allemand a été extirpé dès la première année de la guerre. Et quand la victoire sera nôtre, nous bâtirons ensemble le nouveau monde qui s’élèvera noble, puissant et bon sur les ruines de l’ancien ! »

Si le Japon et les États-Unis considèrent comme une de leurs tâches essentielles cette garde commune du Pacifique et la création d’une route libre entre l’Amérique et l’Asie, ils n’ont pu négliger non plus la voie terrestre qui d’Asie s’étend jusqu’à l’Europe, et par laquelle les États-Unis comme le Japon ont, dans les périodes les plus critiques, fait passer à la Russie les armes, munitions et fournitures de toutes sortes. C’est là un des aspects du problème qui, plus que jamais peut-être, doit, soit pour le présent, soit pour l’après-guerre, s’imposer à l’attention des Alliés. Le souffle du Pacifique libéré et purifié ne pourra être que vivifiant et salubre pour toutes les poitrines qui jusqu’au-delà de l’Oural le respireront.