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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/957

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guerre qu’ils n’avaient point voulue, le comte Czernin (ce n’est pas, comme le chancelier, un gentilhomme de la chaire) souriait d’une mine galante au président Wilson. Les explications répétées de M. de Kühlmann n’ont rien ajouté à leurs discours, et les réflexions auxquelles elles invitent n’ajouteraient rien au commentaire en deux phrases que nous avons déjà donné de ces harangues tombées dans l’eau avant d’avoir traversé l’Océan. Si leur intention ou l’une de leurs intentions était, ainsi qu’on peut le croire, de diviser les Alliés, de les placer en contradiction les uns avec les autres, et subsidiairement de les gêner à l’intérieur, la Conférence interalliée vient de leur faire la réponse qui convenait. On réclamait une déclaration commune, on l’a. Elle porte la signature des représentans et chefs militaires de quatre grandes puissances de l’Entente : États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie; parmi eux, trois premiers ministres, MM. Clemenceau, Lloyd George, Orlando. Et elle n’est ni équivoque, ni ambiguë. « Le Conseil supérieur de guerre, affirme-t-elle, a examiné avec le plus grand soin les déclarations récentes du chancelier allemand et du ministre des Affaires étrangères d’Autriche-Hongrie. Il lui a été impossible d’y rien trouver qui se rapproche des conditions modérées formulées par tous les gouvernemens alliés. Cette conviction n’a pu être que fortifiée par l’impression que produit le contraste entre les fins prétendues idéalistes en vue desquelles les puissances centrales ont entamé les négociations de Brest-Litovsk et les plans de conquête et de spoliation aujourd’hui mis à jour. Dans ces conditions, le Conseil supérieur de guerre a jugé que son seul devoir immédiat était d’assurer la continuation, avec la dernière énergie et par la coopération la plus étroite et la plus efficace, de l’effort militaire des alliés. » Comment se resserrera cette coopération, pour devenir plus efficace, les mesures que le Conseil a arrêtées le laissent deviner. Mais qu’il n’y ait, après les deux discours du comte Hertling et du comte Czernin, qu’à continuer énergiquement la guerre, et que, comme nous l’avions noté, la paix ne se soit point rapprochée d’un pas, la déclaration ne le laisse pas deviner, elle le dit.

Il était trop commode au chancelier allemand et au ministre austro-hongrois de séparer article par article les quatorze propositions de M. Wilson, d’accepter immédiatement celles qui seraient à leur avantage, de ne point contester dès maintenant celles qui ne s’appliqueraient qu’au futur, et de repousser, ou d’éluder, ou de négliger toutes les autres. Instituer dans l’avenir, tant qu’on voudra,