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d’attaque pour les trois armées (IIe et Ve armées anglaises, Ire armée française) était de 15 à 20 kilomètres environ, de la route d’Ypres à Menin sur la droite, à hauteur de Gheluvelt, jusqu’au confluent de Martje Vaertetde l’Yperlée à Drie Grachten (pour les Français, de Drie Grachten à gauche jusqu’à Boesinghe à droite sur l’Yperlée). L’offensive devait être conduite méthodiquement sur des objectifs limités et comprendre plusieurs phases. La bataille s’engagea le 31 juillet. Du premier coup, l’armée française enlève les positions ennemies sur trois kilomètres de profondeur et s’empare de Steenstraete, puis, dépassant ses objectifs, conquiert Bixchoote et le Cabaret Korteker. Les Anglais ont leur nouvelle ligne jalonnée par Pilkem, Saint-Julien, Frezenberg, Hooge, le bois du Sanctuaire, Hollebeke et la Basse-Ville, soit une avance de 1 500 mètres sur un terrain fortifié et coupé de bois. Mais le temps effroyable du 1er  août et les contre-atlaques allemandes, menées spécialement sur Saint-Julien, empêchent la suite immédiate de l’offensive. Le 16 août, une deuxième opération nous porte sur la ligne de Saint-Jansbeek. À notre gauche, nous enlevons la tête de pont de Drie Grachten. Le général Anthoine avait poussé si loin la préparation d’artillerie qu’un des bataillons qui prirent part à l’assaut ne laissa personne en arrière, ni un mort, ni un blessé. De leur côté, les Anglais s’emparent de Langemark. L’armée française étant au pivot, les Anglais doivent compléter leur avance par l’occupation de la ligne des hauteurs entre Becelaere au sud et Poelcapelle au nord (combats d’Inverness, 20 septembre, et de Zonnebeke, 26 septembre). Leurs brillans succès permettent dès lors une nouvelle opération collective. Cette opération sera celle du 9 octobre, qui nous amènera aux lisières sud de la forêt d’Houthulst. Les Anglais ne lâcheront pas la partie engagée avant d’avoir conquis les hauteurs de Passchendaele.

Or il n’est plus de grande bataille sur terre qui ne soit précédée et accompagnée d’une bataille aérienne. Précédée, parce que sa préparation exige la connaissance photographique des lignes et des fortifications ennemies, partant la liberté des avions d’observation, laquelle ne se conquiert que par les escadrilles de chasse et de bombardement. Accompagnée, parce que les réglages d’artillerie et la progression de l’infanterie demandent la même protection. L’ennemi, qui n’a pu se tromper