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sur l’importance des préparatifs franco-britanniques dans les Flandres, a, dès le milieu de juin, renforcé ses groupes aériens et le nombre de ses ballons captifs. Durant tout le mois de juillet, se livrent, dans les airs, de terribles combats, rarement d’avions isolés, mais habituellement d’avions groupés, ou même de fortes escadrilles : tel ce combat du 13 juillet, le plus formidable de la guerre, auquel prirent part des formations qui comptaient jusqu’à 30 appareils, et qui coûta aux Allemands 15 appareils abattus et 16 désemparés…


Guynemer, à l’hôpital, a entendu raconter ces extraordinaires rencontres. Les radieuses randonnées de la Somme, seul ou à deux, les exploits de Lorraine et de l’Aisne sont-ils devenus impossibles ? Faut-il se plier aux nouvelles tactiques du nombre et acccpter de n’être plus qu’une simple unité dans une formation, ou le chef d’un groupe ordonnant la manœuvre ? Le chevalier de l’air demeure incrédule : il songe à son avion magique. L’ère des attaques foudroyantes, quel que soit le chillre des adversaires, n’est pas close. Cependant la préparation d’artillerie a commencé dès le milieu de juillet. La terre tremble à plus de cinquante kilomètres du front. Terre plate et qui serait sans grâce, si la lumière, jaillie des vapeurs humides qui montent du sol ou viennent de la mer, ne donnait un éclat et un relief délicats aux villages bâtis en pierre jaune, aux grasses fermes, aux bois, aux bouquets d’arbres, aux moindres haies, aux calvaires dressés aux carrefours.

Guynemer avait pris froid, en juillet, parce que les baraques destinées au logement des aviateurs n’étant pas achevées et ceux-ci couchant provisoirement à Dunkerque, il avait refusé de quitter le camp, dormant dans un hangar ou sous la tente, afin de partir de meilleure heure le matin à la recherche des avions ennemis qui, hardiment, franchissaient les lignes à la faveur des ténèbres et observaient au jour naissant nos préparatifs d’attaque ou même bombardaient nos arrières. Maintenant, les baraques, accueillantes et confortables, s’alignent au bord de la mer.

Le 27 juillet, en ronde avec le lieutenant Deullin, camarade de la Somme et de l’Aisne, camarade de toujours, il abat en feu, entre Langemark et Roulers, un très puissant Albatros, vraisemblablement de nouveau modèle, 220 HP. Sa victime