toit deux enfans qu’a eus Niçois d’une demoiselle d’honneur de l’Impératrice, liaison que nul n’ignore et qui, en 1852, durait depuis quinze ans. Le grand-duc ne dissimule pas son mépris a ce favori et n’hésite pas à lui déclarer qu’une fois empereur, il le chassera.
À ces traits révélateurs d’une nature attirante et sympathique, on pourrait en ajouter beaucoup d’autres qui nous montrent dans Alexandre II un souverain consciencieux, animé d’idées libérales, désireux d’améliorer le sort de ses sujets, de mettre un terme aux abus de l’administration impériale, à l’esclavage de la presse, aux rigueurs de la police et de la censure et de faire participer les populations qu’il gouverne à la conduite de leurs affaires. Tel il apparaît au début de son règne, et tel il restera jusqu’à la fin, bien que ses dispositions favorables à des réformes bienfaisantes soient maintes fois contenues en lui par les craintes que lui inspirent les tendances révolutionnaires qui troublent le repos de l’Europe et qui ont leur, répercussion dans son Empire. L’émancipation des serfs par laquelle il inaugure son avènement au pouvoir constitue l’acte éclatant où se trahit le mieux ce besoin de justice qui le caractérise.
En étudiant son règne au point de vue français qui est surtout celui dont s’inspire cette étude, on est amené à le diviser en deux périodes : la première qui se déroule de la fin de la guerre de Crimée, terminée en 1856 par le Congrès de Paris, à la guerre franco-allemande ; la seconde, qui part du traité de Francfort et se dénoue tragiquement au mois de mars 1881, par l’assassinat de ce malheureux prince, au moment où il allait doter l’Empire d’une constitution libérale.
Nous passerons rapidement sur la première de ces deux périodes ; elle a eu de nombreux historiens et non des moindres[1] ; ils n’ont que peu laissé à en dire qui vaille d’être retenu. C’est donc à eux qu’il convient de renvoyer le lecteur curieux de connaître les temps dont ils racontent les
- ↑ Emile Ollivier, Pierre de la Gorce, Alfred Rambaud, Germain Baspt, Camille Rousset. Julian Klaczko, des diplomates français et étrangers : Hubner, Morny, Jomini, Gabriac, Rothan, d’autres que j’oublie et le plus récent d’entre eux, François Charles-Roux, qui les a tous résumés et complétés dans le magistral ouvrage qu’il a publié en 1913 sous ce titre : Alexandre II, Gortschakof et Napoléon III. Il semble bien que dans ce livre remarquable, le dernier mot est dit sur les événemens et sur les acteurs qu’on y voit figurer.