Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au contraire, au Sud de la Somme, les Allemands se trouvèrent pris au dépourvu. Ils jetèrent là en toute hâte la dernière des divisions en réserve au front immédiat, la 22e qui était à Saint-Quentin, et ils l’engagèrent à partir du 2 au soir, à mesure qu’elle arrivait, bataillon par bataillon. On sait de plus qu’un régiment allemand qui tient les tranchées a généralement un bataillon en première ligne, un bataillon en seconde ligne, et le troisième bataillon au repos à l’arrière, en réserve de secteur. Les Allemands raflèrent ces troisièmes bataillons de Chaulnes à Reims, et en expédièrent treize sur la Somme, par tous les moyens possibles, chemin de fer, automobiles, quelques-uns à pied. Ces bataillons disparates appartenaient aux VIIIe, XIIe, XVIIe, XVIIIe corps actifs, à la Garde, à la 113e division, aux 15e et 16e divisions de réserve.

A partir du 3, les divisions des deux autres groupes en réserve, celui du Nord et celui de l’Est, commencent à arriver. Du Nord, la 3e division de la Garde arrive le 3 ; la 183e, le 7 ; la 123e, le 9. De l’Est, la 44e de réserve arrive le 5 et s’engage près d’Estrées ; le IXe corps arrive le 9. Ainsi, sur treize divisions qu’ils avaient disponibles pour toute l’étendue du front occidental, les Allemands, du 1er au 9 juillet, en ont appelé onze sur la Somme. Il faut y ajouter un régiment, le 163e, du IXe corps de réserve, retiré du front de Vimy. Donc, avec les sept divisions du début, un total de plus de dix-huit divisions engagées en dix jours.

Grâce à cette arrivée des réserves, ils ont pu retirer du feu, le 5 juillet, quatre des premières divisions engagées, qui étaient à l’état de débris ; la 28e de réserve, la 121e et les deux divisions du VIe corps. La 185e division, que nous avons vue venir de Champagne le 2, fut aussitôt si éprouvée qu’il fallut relever’ certains de ses élémens le 4.

En même temps, le haut commandement allemand s’organisa suivant un type qu’il conserva jusqu’à la fin de la bataille. Les unités engagées formèrent trois groupemens. On sait quel est le principe de ces groupemens : supérieurs à l’ancien corps d’armée, inférieurs à l’armée, ils ont pour but de constituer dans des secteurs déterminés, des états-majors permanens, aux mains desquels se succèdent les divisions de rechange. L’artillerie lourde, les services d’aviation et d’autres encore restent aussi sur place. Ainsi les relèves ne compromettent pas la