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à Liszt, Musset avoue : « Le livre dont vous me parlez n’est qu’à moitié une fiction… il pourrait et devrait être plus long… » Cependant à ce livre il avait fait des coupures : on le verra par la lettre suivante, écrite au directeur de la Revue[1] :

« Mon cher Buloz, ce que vous m’avez dit pour la deuxième partie de la Confession me tourmente. Vous avez raison, je le crois du moins. Mais je ne sais trop comment faire pour y remédier ; si je veux revoir cela moi-même, je n’y ferai rien qui vaille. Il faudrait que vous me trouvassiez quelqu’un qui eût à la fois assez de complaisance, et assez de jugement pour s’en charger, mais qui ? Je n’en sais rien, et il faut pourtant que ce qui est de trop soit corrigé. Si je pouvais prier Sainte-Beuve de lire simplement le 1er volume, je pourrais ensuite de moi-même faire les corrections sur ses avis. Mais j’ai peur qu’il ne soit un peu froid pour moi, à cause de toutes ces dernières circonstances[2], que le diable m’emporte si je lui en veux ! Mais vous savez comme va le monde. Faites-moi donc te plaisir de penser un peu comment venir à bout de tout cela. Ce ne serait pas un retard de trois jours, et c’est très important. Mais je suis si bête, que je ne puis me corriger moi-même. Dites-moi donc un peu comment faire[3]. »

« A vous,

« ALFRED DE MUSSET. »


F. Buloz aimait fort la Confession d’un enfant du siècle, Sainte-Beuve fut chargé de rendre compte du livre. Son article est excellent, et s’il fait quelques critiques, elles sont rares et indulgentes. Une phrase est à noter. Parlant de l’œuvre de Musset, Sainte-Beuve écrit : « La débauche y tient moins de place que dans le projet primitif, j’imagine. Le second volume particulièrement en est tout à fait purgé. » Cette phrase est intéressante quand on vient de lire la lettre qui précède et le conseil donné par F. Buloz de faire des coupures dans le second volume.

Mais la chronique de Sainte-Beuve, — tout à fait curieuse à lire aujourd’hui, — est une constante homélie adressée à

  1. On sait que la Confession parut en fragment dans la Revue en 1835 et année suivante en volume.
  2. La rupture avec George Sand.
  3. Je pense que cette lettre est du début de 1836. « La première édition de la Confession était en deux volumes in-octavo.