réussit à faire reculer la ligne d’avant-postes de la gauche britannique, sur un front allant de Henin jusqu’au Nord de la Scarpe. Mais la droite de Henin à Bucquoy résista. À midi seulement, de nouvelles attaques la tirent reculer à Ayette et à Boisleux-Saint-Marc. Le 29, un autre repli local laissa à l’ennemi le village de Neuville-Nitasse et le bois des Rossignols. Le 30, toutes les attaques ennemies furent repoussées ; le 31, ce fut la ligne britannique qui se reporta en avant de 400 mètres au Sud de la Scarpe. En somme, la tentative d’extension du front allemand vers le Nord, si elle avait rogné un ourlet de terrain, n’avait pas donné d’autre résultat.
Nous avons vu successivement le recul de la 5e armée, puis le repli consécutif de la 3e armée à gauche. Mais le recul de la 5e armée avait cet autre effet d’ouvrir à sa droite un large trou entre elle et les Français. L’office des Français fut d’abord de boucher ce trou et d’empêcher l’ennemi de s’avancer par l’Oise. Puis, remontant progressivement, et relevant à mesure les unités britanniques, les Français finirent par tenir tout le secteur jusqu’à la Luce, les Allemands cherchant toujours la rupture à la liaison des deux armées. Cette relève progressive de la 5e armée par les unités françaises, en plein combat, est par elle-même une très belle opération. Un article de M. Barzini, dans le Corriere della Sera au 12 avril, nous a appris que cette relève était bien prévue en cas de nécessité.
Quand la 3e armée française avait été, au début de 1018, relevée par les troupes britanniques, qui s’étaient alors étendues jusqu’à Barisis, cette armée était demeurée constituée dans la région de Montdidier, de telle sorte qu’elle se trouva prête à intervenir rapidement. Par la suite, le front français au Nord de l’Oise, augmentant d’étendue, fut occupé par une armée aux ordres du général Fayolle, auquel fut également subordonnée l’armée du général Rawlinson, laquelle avait relevé la 5e armée.
Dès le 21, à dix heures du soir, à la nouvelle que le centre de la 5e armée pliait devant Saint-Quentin, un corps d’armée français, fut alerté. Son rôle à cet instant critique devait être décisif. Suivant le magnifique ordre du jour lancé par le