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général P. il allait défendre le « cœur de la France. » Il se mit en marche le lendemain, à midi. Le 23, on rencontrait dans Noyon les uniformes bleus. L’état-major du corps resta là jusqu’au 25 à sept heures du soir sous un violent bombardement, ne quittant la place que lorsque le commandement y fut devenu impossible. La mission de ces troupes était, en soutenant la droite britannique, d’empêcher les Allemands de franchir le canal Crozat, tendu en bretelle entre la Somme et l’Oise, et par conséquent de se faire jour dans la trouée entre ces deux rivières. Mais au même moment, le 23, l’ennemi forçait à Ham le passage de la haute Somme. Les divisions britanniques qui défendaient le canal Orozat se trouvèrent donc tournées par leur gauche, et furent contraintes de reculer. Les Français commencèrent à relever ces divisions entre l’Oise à droite et l’axe, Saint-Simon-Roye-Montdidier à gauche.

Le 24 au soir, les Français se trouvent intercalés dans les troupes britanniques. A leur droite, c’est une division anglaise qui tient les ponts de l’Oise, et empêche les Allemands de déboucher sur la rive Sud, entre la Fère et Chauny, de Coudren à Autreville. Sur la rive Nord, Chauny est aux mains des Allemands ; les Français, leur droite à la Somme, font un front d’Ognes à Ramecourt, contre l’ennemi qui débouche de Ham ; ils couvrent Guiscard à la hauteur du Plessis-Patte, d’où ils se lient à leur gauche avec le 18e corps, qui essaie de contenir les Allemands, lesquels ont passé la Somme plus bas, de Béthaucourt à Epenoncourt.

Le 25, comme nous l’avons déjà vu, toutes les forces au Sud de la Somme sont mises sous le commandement du général Fayolle. « Le commandement français, dit une note officielle, dirige, coordonne, renforce aux points voulus. En même temps qu’il place les troupes mises à sa disposition, il rassemble et reforme les élémens de deux corps anglais en retraite qu’il remet en ligne. Jamais la collaboration franco-britannique ne fut plus étroite, ni plus heureuse. Grâce à elle, grâce à l’artillerie anglaise qui permet à la nôtre d’accourir, le front d’armées constitué en plein repli se soude et résiste peu à peu. »

Le 26, l’ennemi attaque fortement les Français qui, pivotant sur leur droite, sont obligés de se replier à gauche pour la maintenir en contact avec les troupes britanniques. Un témoin oculaire qui se trouvait le 26 dans la matinée un peu à l’Ouest