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prussienne, exprima a ix ambassadeurs le vœu que la ville de Sarrebrück fut déchargée de la contribution de guerre dont elle avait été frappée en raison de son altitude napoléonienne durant les Cent-Jours ; en retour de quoi, les Sarrebrur-kois seraient heureux d’être annexés, à la Prusse, Hardenberg, gagné d’avance à cette cause, promit de s’employer de tout son pouvoir à la réalisation des vœux du Conseil municipal. « Il n’est pas douteux, déclare un chroniqueur sarrebrückois, Wilhelm Schmitz, que cette entrevue des bourgeois et de Hardenberg ait décidé du sort de Sarrebrück et de sa nationalité future. »

Mais Böcking ne se contente pas des promesses de Hardenberg. Il sait que les Alliés se sont engagés à respecter les limites territoriales fixées à la France par le traité du 30 mai 1814 ; il faut donc lever tous les scrupules et forcer la main aux plénipotentiaires, à Hardenberg lui-même. Alors, après le départ des ambassadeurs pour Paris, Böcking organise à Sarrebrück une pétition parmi les habitants pour demander deux choses habilement confondues : la décharge de la contribution de guerre et la réunion à la Couronne de Prusse. Nous connaissons les noms des Sarrebrückois qui signèrent cette pétition, datée du 11 juillet 1815 et placée sous le patronage de Böcking, Lauckhardt, Zimmermann, Eichacher, Chr. Köhl et Ph. Karcher. Ils sont 343 signataires, sur une population qui comptait alors plus de vingt mille individus. De plus, on remarque que bien des noms de famille sont les mêmes et ne sont différenciés que par les prénoms. Il y a, par exemple, 7 Becker, 5 Brand, 11 Bruch, 4 Geisbauer, 5 Gottlieb, 4 Imming, 7 Korn, 8 Köhl, 7 Krämer, 5 Mohr, 7 Pflug, etc. De sorte que ces signataires paraissent recrutés dans un assez petit nombre de familles : celles du nouveau Conseil municipal et celles des ouvriers ou employés de la maison Stumm. Partout en France, à ce moment-là, on était découragé, fatigué de la guerre ; on ne peut qu’être étonné du petit nombre des signatures recueillies par Böcking, étant données sa situation de chef d’une grande industrie qui comportait un nombreux personnel, la lassitude générale, et aussi l’indifférence en matière politique et nationale de ceux qui étaient toujours prêts à se faire les caudataires du parti victorieux.

Bien qu’en fait il s’imposa ! et dominât la situation, le parti prussien fut obligé de ménager ses adversaires qui